Édition d'avril

Chères lecteurs et lectrices,

La dernière édition de la session H-25 est enfin en ligne🎉

Ce qu’il veut aussi dire qu’il s’agit de ma dernière édition en tant que rédactrice en chef du Commédia🥹

💌 Un immense merci à mon équipe de rédaction qui a travaillé avec dévouement durant leur fin de session pour vous offrir des articles variés!

Dans cette édition, on vous aurez la chance de lire les articles suivants; Visiter l’espace aux prix des générations futures, Dévier l’algorithme à l’aide de bottes d’hiver ?, Participer à la science : une activité plus accessible qu’on ne le pense et Go Habs Go!

Nos deux articles coups de 🩵 :
🌷Ma voix appartient à l’État; La condition féminine en Afghanistan par Maxime Gravel
🌷Des cours de Pilates, Barre, Yoga Chaud et HIIT illimités et GRATUITS ? Oui, presque par Salma Achoumi

Bonne lecture🤓

Mégane Emmanuelle English,
Rédactrice en chef

Ma voix appartient à l’État; La condition féminine en Afghanistan

J’ai regardé Bread and Roses (2023) de Sahra Mani et ce documentaire m’a profondément bouleversé. Il montre des femmes afghanes qui, sous le régime taliban, filment leur quotidien, organisent des manifestations malgré la peur, et écrivent des slogans de liberté, risquant l’arrestation, voire pire.

Ce n’était pas une fiction, mais une réalité crue et sans filtre, d’une oppression qui semble se perdre dans l’indifférence du monde. À la fin du film, une urgence s’est imposée : celle d’écrire. Écrire sur la situation actuelle en Afghanistan, deux ans après la reprise du pouvoir par les Talibans. Écrire sur cette répression qui efface les femmes de l’espace public, sur leurs voix qui, bien qu’étouffées, continuent de lutter. Écrire pour qu’elles ne soient pas oubliées dans le bruit du monde.

IMDb. (n.d.). Bread & Roses. IMDb. https://www.imdb.com/fr/title/tt27599265/ 

Répression Taliban

En août 2021, après près de deux décennies de présence militaire occidentale en Afghanistan, les talibans ont repris le contrôle du pays, marquant un tournant dramatique pour les droits des femmes et des filles afghanes. Alors que la communauté internationale espérait une évolution positive des droits humains sous un gouvernement taliban modéré, les premières mesures adoptées par le régime ont rapidement révélé une régression inquiétante. En moins de trois ans, le gouvernement taliban a imposé une série de restrictions législatives et sociétales réduisant les femmes à une existence de plus en plus confinée et marginalisée. 


Le 21 août 2024, les autorités ont ratifié une nouvelle version de la « Loi sur la promotion de la vertu et la prévention du vice », comportant 35 articles avec une série d’obligations plus sévères que jamais (Agence France-Presse, 2024). Parmi les mesures les plus notables, les femmes sont désormais obligées de se couvrir intégralement, y compris le visage, et leur voix est interdite en public. Ces interdictions s’étendent à des aspects de la vie quotidienne : les femmes ne peuvent plus regarder des hommes non liés par le sang ou par le mariage, ne peuvent pas prendre les transports en commun seules et il leur est interdit de prier à voix haute ou même de chanter. Ces nouvelles règles, qui se fondent sur une interprétation extrême de la charia, aggravent les mesures déjà existantes et restreignent davantage la liberté des femmes dans tous les domaines de la vie sociale et publique. 

Les Talibans justifient leurs actions en se référant à une version conservatrice et autoritaire de la charia, qu’ils présentent comme étant la seule voie légitime pour la société afghane. En utilisant la charia comme cadre de référence, ils cherchent à instaurer un contrôle moral omniprésent où chaque aspect de la vie quotidienne est strictement encadré (Jedidi, 2010, p.125). Mais au cœur de cette vision rigide se trouve un patriarcat profondément enraciné, qui instrumentalise la religion pour imposer une hiérarchie de genre. Cette interprétation autoritaire de la charia sert à maintenir le pouvoir masculin en confinant les femmes à des rôles subalternes, souvent justifiés au nom de la foi. Comme le souligne Zahra Ali dans son livre Féminismes Islamiques

« Pendant trop longtemps, les hommes ont défini pour nous ce que c’était que d’être une femme et comment en être une. Les hommes ont utilisé la religion pour nous confiner dans des limites socialement construites qui nous réduisent à la moitié inférieure de l’humanité » (2012, p.122).

Cette citation met en lumière comment le patriarcat, sous couvert de religion, perpétue des structures d’oppression qui entravent l’autonomie et la dignité des femmes. Les Talibans, en s’attribuant le droit d’interpréter les textes religieux à leur avantage, renforcent une vision du monde où la domination masculine devient la norme, et la contestation, un blasphème.

Sastre, P.(2025). « SOS Afghanes » : un réseau pour l’éducation et l’emploi des femmes afganes. LePoint. https://www.lepoint.fr/editos-du-point/sos-afghanes-un-reseau-pour-l-education-et-l-emploi-des-femmes-afghanes-08-03-2025-2584179_32.php

Isolement des Afghanes 

La situation des femmes en Afghanistan, soumises à l'isolement et à la misère imposés par les talibans, les place dans une situation d'oppression extrême. Michèle Ouimet, journaliste ayant couvert plusieurs zones dangereuses, dont l'Afghanistan, raconte avoir passé une semaine dans une famille afghane : « L'homme est puissant dans la famille afghane, et le carcan de la religion étouffe la liberté » (Lambert, 2022), confie-t-elle. Elle décrit une emprise telle que les femmes sont obligées de mentir ou de cacher des relations secrètes pour échapper, ne serait-ce qu'en pensée, à ce quotidien étouffant. Elle évoque une jeune femme qui a caché l'existence de son amant de peur d'être tuée par son père. Selon ONU Femmes (2024), cet isolement forcé a un effet profond sur les femmes afghanes, les privant non seulement de leurs droits fondamentaux, mais aussi de leur sentiment de sécurité et de leur bien-être psychologique.

En dehors de la maison, presque toutes les femmes se sentent vulnérables et impuissantes. Une enquête des Nations unies montre que seulement 22 % des femmes interrogées rencontrent des amis en dehors de leur cercle familial immédiat, et que près de 18 % ne voient jamais personne (ONU Femmes, 2024). Samira Hamidi, chargée de campagne pour l’Asie du Sud à Amnesty International, témoigne de la répression croissante : « C’est une continuation de la violence systémique contre les femmes et les filles, un moyen supplémentaire de restreindre leur capacité à interagir entre elles. » En septembre 2024, Sima Bahous, directrice exécutive d'ONU Femmes, a rappelé au Conseil de sécurité des Nations unies que « le droit moral ne sépare pas seulement les femmes des hommes, il les isole aussi les unes des autres ». Ce type d'isolement exacerbe les sentiments de solitude et de désespoir, favorisant la dépression et les troubles mentaux. Mme Bahous appelle à une action internationale urgente, soulignant que, malgré la tragédie vécue par les femmes afghanes, la situation n'est pas désespérée, à condition qu'il y ait une solidarité mondiale. 

Courage féminin

Des mouvements de contestation ont émergé en Afghanistan, malgré les risques encourus par celles qui osent défier le régime. À la suite de la déclaration de Mohammad Khalid Hanafi, ministre taliban du Vice et de la Vertu, qui a renforcé les restrictions imposées aux femmes, de nombreuses militantes ont pris la parole pour dénoncer la situation. La journaliste Lina Rozbih a exprimé son indignation sur le réseau social X, soulignant : « après avoir interdit aux femmes de s’exprimer en public, le ministère taliban du Vice et de la Vertu leur interdit maintenant de se parler. […] Le monde doit agir! Aidez les millions de femmes afghanes sans voix et sans défense » (Agence France-Presse, 2024). De son côté, l’ancienne diplomate afghane Nazifa Haqpal, interrogée par The Independent, a réagi en affirmant que cette répression allait bien au-delà de la misogynie : « Cela illustre un niveau extrême de contrôle et d’absurdité » (Rai, 2024).

Malgré la répression féroce, certaines femmes résistent courageusement à cette oppression. En signe de résistance, des vidéos circulent où des femmes afghanes se filment en train de chanter, un acte audacieux dans un pays où les expressions publiques féminines sont sévèrement réprimées. Ces actes de résistance, bien que symboliques, démontrent que l’esprit de lutte n’a pas disparu. En publiant leurs témoignages et en organisant des manifestations clandestines, ces femmes continuent de revendiquer leurs droits et d’inspirer la solidarité internationale, attirant l’attention du monde sur leur combat pour la dignité et la liberté. Cela dit, la lutte ne se limite pas aux femmes. Certains hommes prennent également des risques pour soutenir leurs droits. En 2023, Matiullah Wesa, un Afghan de 30 ans qui a fondé l’organisation Pen Path pour promouvoir l’éducation des filles et des femmes, a été arrêté à Kaboul. Cet acte illustre le prix que doivent payer ceux qui osent défier le régime en place (Amnesty International, 2023). 

Chronicle, C. & Hayes, C. (2024). Fromer Afgane maayor, now a student, advocates for girls and women. Cornell University. https://news.cornell.edu/stories/2024/12/former-afghan-mayor-now-student-advocates-girls-and-women 

La reconnaissance de l’apartheid de genre comme un crime contre l’humanité représente une initiative cruciale pour les militantes afghanes qui luttent contre un régime oppressif. Dans un contexte où les femmes afghanes sont systématiquement exclues de la vie publique par des lois et des décrets imposés par les Talibans, l’inclusion de ce crime dans le droit international permettrait potentiellement de traduire en justice les dirigeants talibans responsables de ces violations. Sima Samar, ancienne ministre de la Condition féminine en Afghanistan et défenseuse des droits humains, est l’une des figures centrales de cette campagne. Elle a souligné que la situation actuelle est comparable à une « détention arbitraire » de millions de femmes. « Je ne pensais pas revoir ça de mon vivant ! », s’est-elle exclamée, exprimant sa consternation de voir les Afghanes de nouveau soumises aux mêmes restrictions qu’il y a 25 ans (Sudarivich, 2024). Elle espère que l’initiative permettra d’exercer une pression juridique internationale sur les Talibans et de rappeler que, même si elles sont réprimées, les voix des Afghanes continuent de se faire entendre. 

Petit message d’espoir

Aujourd’hui plus que jamais, il faut écouter ces voix courageuses qui, malgré la peur, continuent de s’élever dans l’ombre. Leur lutte dépasse les frontières de l’Afghanistan : elle nous interpelle toutes et tous sur ce que signifie être libre, être femme, être humain. Nous avons le devoir de relayer leurs récits, de soutenir leurs combats et de refuser l’indifférence. Chaque mot, chaque geste de solidarité compte. Tant qu’une femme résiste, aucune dictature n’est totale. Et tant que nous serons nombreux à croire en leur avenir, l’espoir demeurera plus fort que la peur.

Maxime Gravel


Références 

Go habs go!

Montréal, minuit passé, et les klaxons résonnent encore dans les rues. Des drapeaux tricolores flottent à la fenêtre des voitures et le métro vibre des chants des partisans. Presque personne ne l’aurait cru, mais les Canadiens de Montréal sont de retour là où il fait battre le cœur de la ville : en séries Éléminatoires. 

Mercredi soir, au Centre Bell, c’était la folie. L’électricité dans l’air, les cris, les larmes, les poings levés - une ambiance qu’on n’avait pas ressentie depuis longtemps. Ce n’était pas juste une victoire, mais un triomphe contre les probabilités, contre les attentes, contre une saison qui semblait encore perdue il y a quelques semaines. 

« Au dernier but, j’ai crié tellement fort, je pensais que j’allais perdre connaissance ! », a lancé Samuel Montembeault en riant (Lorange, 2025). Et il n’était pas le seul.  

La ville vit, respire et rêve à nouveau au rythme du CH Demidov  

Un nom retentit plus fort que les autres : Ivan Demidov. Le prodige russe de 19 ans, a disputé son tout premier match dans la LNH le 14 avril et Montréal l’a accueilli comme une rockstar.  Dès qu’il a sauté sur la glace, les partisans ont crié son nom. Ils ne leur a pas fallu longtemps pour être conquis : un but, une passe après seulement 16 min 56 s (Radio-Canada, 2025) !

« Je me sentais bien dans le vestiaire avant le début de la rencontre, et je suis devenu un peu plus nerveux en me rendant en direction de la glace… mais la foule a été tellement incroyable. Ce fut un accueil très chaleureux », a confié Demidov, encore étourdi par le tourbillon médiatique post-match (Labbé, 2025). 

Brendan Gallagher a même affirmé :

« C’est un joueur spécial, de toute évidence. Ce n’est pas une situation qui est facile pour lui, mais on dirait que chaque fois qu’il a la rondelle, il y a quelque chose de bon qui va arriver. C’est emballant. » (Labbé, 2025). 

Les partisans n’attendent donc qu’une chose : le revoir faire des étincelles en séries.


Les choses sérieuses 

Et maintenant? Direction Washington pour un affrontement qui rappelle étrangement le printemps 2010 (RDS, 2025). Quinze ans plus tard, les Canadiens retrouvent les Capitals en premier tour de séries, mais dans un contexte bien différent.

La jeune équipe débarque avec un souffle nouveau et une énergie contagieuse. La ville est fébrile, prête à vibrer. L’histoire attend de s’écrire, mais reste à voir si, cette fois, le CH tiendra enfin la plume.

Judith Bernadet

Bibliographie  :

  • Lorange, S.-O. (2025). Les Canadiens en séries – 2 % à faire mentir. La Presse. https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2025-04-16/le-canadien-en-series/2-a-faire-mentir.php 

  • RDS. (2025). Séries Canadiens c. Capitals : Et si on revivait le scénario du printemps 2010?https://www.rds.ca/hockey/lnh/series-canadiens-c-capitals-et-si-on-revivait-le-scenario du-printemps-2010-1.20439912 

  • Labbé, R. (2025). Premier match d’Ivan Demidov : « La foule a été incroyable ». La Presse. https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2025-04-14/premier-match-d-ivan-demidov/la-foule-a -ete-incroyable.php 

  • Radio-Canada. (2025). Ivan Demidov brille, mais le Canadien rate une autre occasion d’accéder aux séries. https://ici.radio-canada.ca/sports/2156549/hockey-canadien 

Images  :

  • Charbonneau, M. (2025). Un journaliste dévoile la date de l'arrivée d'Ivan Demidov avec le Canadien de Montréal. Rumeurs de transaction. https://www.rumeursdetransaction.com/equipe-lnh/canadiens-de-montreal/un-journaliste-dev oile-la-date-de-arrivee-divan-demidov-avec-le-canadien-de-montreal 

  • Lorange, S.-O. (2025). Les Canadiens en séries – 2 % à faire mentir. La Presse. https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2025-04-16/le-canadien-en-series/2-a-faire-mentir.php 

  • Canadiensmtl. (2025). Instagram https://www.instagram.com/canadiensmtl/ 

  • USA Today. (2025). Washington Capitals schedule: Watch Alex Ovechkin goal record. https://www.usatoday.com/story/sports/nhl/capitals/2025/04/05/alex-ovechkin-next-game-goa ls-tracker-washington-capitals-schedule/82922928007/







Des cours de Pilates, Barre, Yoga Chaud et HIIT illimités et GRATUITS ? Oui, presque. 

Toi aussi tu es un étudiant qui veut te remettre à bouger, mais ton compte en banque n’est pas d’accord de prendre un abonnement au gym pour que t’y aille à peine 3 fois par mois? Je suis tombée sur un programme qui a littéralement transformé ma routine : le «Trade» du studio Ensō yoga. Un concept simple, accessible, et trop avantageux pour que je le garde secret. Et honnêtement, je te le dis tout de suite ça vaut 100% la peine! 

Le concept 

Le studio, situé au centre-ville de Montréal, propose un programme de bénévolat incroyable. Voici comment ça marche : Le programme, accessible via une simple application en ligne, repose sur un échange clair : du temps contre du mouvement. Concrètement, chaque participant et participante s’engage à effectuer un créneau hebdomadaire de trois heures, toujours le même jour à la même heure. Le rôle d’un «Trade» consiste principalement à garder le studio propre (laver les tapis, nettoyer les salles, nettoyer les vestiaires, etc.), toujours dans une ambiance conviviale . En échange, il ou elle peut accéder librement à tous les cours offerts par le studio. 


Bien plus que de l’exercice 

J’ai choisi de faire mon bénévolat en avant-midi de 11h à 14h — une plage horaire parfaite pour moi, sans conflit avec mes cours. Depuis, je prends des cours au studio 3 à 5 fois par semaine, et j’ai découvert des disciplines que je n’aurais probablement jamais testées autrement. Mention spéciale pour le cours de HIIT, un entraînement par circuits en binôme, aussi exigeant que satisfaisant. Les cours de barre et de pilates travaillent en profondeur les muscles stabilisateurs (ça brûle). Enfin, le Yoga classique propose une pratique axée sur la souplesse, la flexibilité et l’équilibre, tout en offrant un moment de recentrage mental. 


Les professeurs sont passionnés et l’ambiance du studio est sympathique! Ce que j’apprécie particulièrement chez Ensō, c’est à quel point c’est un milieu chaleureux et inclusif. En plus de bouger et faire du bénévolat, on fait des rencontres lors du «Trade» et on prend soin de soi sans se ruiner. C’est aussi une belle façon d’intégrer des pratiques de bien-être dans une vie étudiante souvent stressante et chargée.


Comment s’inscrire ? 

Tout se fait en ligne sur le site du studio: https://ensoyoga.com/trade-for-yoga/. Il suffit de remplir un formulaire, d’expliquer ses motivations et d’indiquer ses disponibilités. Le studio cherche des personnes fiables, motivées et prêtes à s’impliquer dans la communauté.  Alors si vous avez 3 heures de libre par semaine, une envie de bouger et de prendre soin de vous sans exploser votre budget, je ne peux que vous recommander cette formule. 


Salma Achoumi



Dévier l’algorithme à l’aide de bottes d’hiver ?

Un jour, je défilais sur ma page Tiktok et je suis tombée sur une vidéo intitulée « cute Winter boots  ». Je m’attendais à ce qu’on me propose les meilleures bottes d’hiver afin d’affronter le froid  québécois ! Ce n’est qu’après quelques secondes de visionnement que j’ai vite compris que la vidéo ne parlait définitivement pas de mode d’hiver. Qu’au contraire, cette vidéo dénonce un sujet bien  plus sombre.

https://www.forbes.com/sites/danidiplacido/2025/01/29/tiktoks-cute-winter-boots-trend-explained/

Après que le président des États-Unis a soulevé l’interdiction de l’usage de la plateforme Tiktok,  plus de 49 700 vidéos comportant l'hashtag « cute Winter boots » ont été publiées (Vargas, 2025). Derrière cette simple phrase se cache un message bien plus profond. Plusieurs de ces vidéos  présentent des utilisateurs venant dénoncer le président Trump, son administration, ainsi que le  Service de l’immigration et des douanes des États-Unis, communément appelé ICE qui constitue  au contrôle de l’immigration. Les utilisateurs offrent leurs conseils dans le but de prévenir et  protéger tous ceux qui pourraient faire face aux nouvelles politiques d’immigrations du pays. Par  exemple, certaines vidéos montrent des parents qui préparent une copie du passeport de leurs  enfants pour prouver qu’ils sont bel et bien citoyens américains, au cas où l’ICE débarquerait (Di  Placido, 2025).  

Mais pourquoi « cute Winter boots » ? Il s’agit de l’algospeak, soit un langage codé très courant  sur les réseaux sociaux ayant comme but de déjouer les règles de la censure sur Tiktok, notamment (Steen et al. 2023). Cette même plateforme, utilisée par des milliards de personnes, détient un  contenu assez restreint. En effet, plusieurs mots et vidéos seront supprimés puisqu’ils dérogent de  cette restriction. Des mots représentant la communauté LGBTQ+ comme lesbian (en anglais) sont,  maintenant, changé pour « le$bian ». Tout comme des mots liés à l’éducation sexuelle comme le  mot « seggs » qui veut, initialement dire « sexe ». Où est la liberté d’expression, ici ? Aux dernières  nouvelles, ces mots n’ont rien de « déplacés », mais les réseaux sociaux ont tendance à venir  censurer des sujets « chauds ». D’où la motivation de cette nouvelle tendance « cute Winter boots  ». Le but étant de dévier la suppression et d’atteindre le plus grand public possible ; de résister aux  politiques et la censure aux États-Unis, à ce moment même.  

Fou n’est-ce pas ? Il est fou de voir qu’il faut passer par mille et un chemins pour passer un message  sur les réseaux sociaux. Je me répète, mais : où est la liberté d’expression ? Ce sont des plateformes  qui ont toujours eu l’objectif de laisser aller la créativité des utilisateurs et de les laisser s’exprimer  sur des sujets qui les passionne. Grosse blague. On ne peut rien dire sans se faire censurer. À ce  qu’il parait, le Canada et les États-Unis sont des pays où la démocratie règne. Ce trend Tiktok vient  en semer le doute. Chaque individu à le droit de s’exprimer à sa manière. Pour certains, il est difficile  de se manifester et c’est parfois plus simple de le faire via les réseaux sociaux mais comment faire  si ce n’est plus permis ? Les messages circulent rapidement sur ces médias, atteindre son public  cible et se rallier ensemble est nettement plus facile que d’autres manières. Cependant, il en devient,  maintenant, compliqué.  

Avec les nouvelles politiques sur l’immigration du Président Trump, les États-Unis grognent et  plusieurs craignent de devoir repartir. Les réseaux sociaux sont une des seules manières qui leur  permet de pouvoir s’entraider et passer au travers cet obstacle. Leur enlever leur mode d’expression  c’est enlever l'essence de la démocratie.  

Marie Véronique Ross

Bibliographie :  

  • Photo: Lorenz, T. (2025, 25 janvier). TikTok’s “cute winter boots” meaning explained. User Maghttps://www.usermag.co/p/tiktok-cute-winter-boots-meaning-explained-algospeak 

  • Di Placido, D. (2025, 29 janvier). TikTok’s ‘Cute winter boots’ trend, explained. Forbes.  https://www.forbes.com/sites/danidiplacido/2025/01/29/tiktoks-cute-winter-boots-trend  explained/  

  • Gooch, B. (2025, 29 janvier). What is ‘cute winter boots’ and why is everyone on TikTok saying  it to each other ? The Independent. https://www.independent.co.uk/us/cute-winter-boots  tiktok-trend-why-b2687848.html  

  • How some TikTokers are using cute winter boots to secretly criticize Trump. (s. d.). Kids News.  https://www.cbc.ca/kidsnews/post/tiktokers-pretending-to-show-off-cute-winter-boots-to  secretly-criticize-trump#article-start  

  • Online, E. (2025, 25 janvier). « Cute winter boots » : A resistance movement disguised as a  TikTok trend explained. The Economic Times.  

  • https://economictimes.indiatimes.com/magazines/panache/cute-winter-boots-a-resistance  movement-disguised-as-a-tiktok-trend-explained/articleshow/117558524.cms?from=mdr  

  • Vargas, Alani. (2025). “Cute Winter Boots” Meaning on Tiktok. Parade. https://parade.com/living/cute-winter-boots-meaning 

  • tiktok#:~:text=%E2%80%9CCute%20winter%20boots%E2%80%9D%20currently%20ha s,movements%20and%20anti%2DTrump%20sentiments

  • Steen, E., Yurechko, K., & Klug, D. (2023). You Can (Not) Say What You Want : Using Algospeak  to Contest and Evade Algorithmic Content Moderation on TikTok. Social Media + Society9(3). https://doi.org/10.1177/20563051231194586

Participer à la science : une activité plus accessible qu’on ne le pense

Le printemps bat son plein ! Après avoir passé plusieurs mois entouré de froid et de neige, nos sens s’activent de nouveau et nous donnent l'impression de voir les choses sous un œil différent. Les bruits, les mouvements et les couleurs vibrantes de la nature nous semblent alors plus fascinants que jamais.

https://animalia.bio/fr/tree-swallow

Au quotidien, nous observons des tonnes de phénomènes engendrés par les changements de saison : le sol qui dégèle, le gazon qui verdit, les feuilles et les fleurs qui poussent. Rarement, nous nous demandons si ces phénomènes mériteraient d’être partagés et s’ils pourraient avoir une utilité quelconque. Et si je vous disais que le simple fait d’avoir vu un cardinal dans votre cour en prenant votre café pouvait effectivement être utile à la science ? « Mais je n’ai aucune formation scientifique » me direz-vous. Aucun problème. C’est exactement ce que la science citoyenne propose ! Peu importe votre âge ou votre degré de scolarité, vous pouvez contribuer à augmenter les connaissances scientifiques dans divers domaines simplement en vous promenant dans un parc, une forêt ou un boisé près de chez vous. Tout ce dont vous avez besoin c’est d’un téléphone, d'un appareil photo, d’un papier/crayon et, surtout, de votre curiosité !

Contribuer à l’avancement de la science 

Dans le domaine des sciences citoyennes, l'utilisation des technologies numériques, comme des applications mobiles ou des plateformes collaboratives, devient de plus en plus pertinente. Les gens y ont accès et s’en servent au quotidien. Sur les applications mobiles de science participative, le protocole et les étapes à réaliser pour s’assurer de la qualité des données sont faciles à suivre et les utilisateurs peuvent y consigner toutes leurs observations (texte, photo, localisation, etc) (Gouvernement du Québec, 2025). On peut penser à l’application Lichens GO qui offre divers outils ludiques (graphiques, dessins, images, fiches de terrain, clé d’identification, etc) afin d’aider les utilisateurs à bien identifier et connaître les sortes de lichens qui peuvent se retrouver sur les arbres. Mais pourquoi faire ? En fait, les chercheurs peuvent se servir de ces données, entre autres, pour évaluer la qualité de l’air d’un endroit donné.

https://www.lichensgo.eu

Les données amassées sur les plateformes de sciences participatives peuvent servir tant aux chercheurs qu’aux amateurs qui désirent prévoir leur prochaine sortie d'observation et partir à la découvertes de nouveaux sites et de nouvelles espèces (Gouvernement du Québec, 2025). Dans le domaine de l’ornithologie par exemple (branche de la zoologie qui a pour but d’étudier les oiseaux), la plateforme eBird contribue grandement à l’avancement des connaissances puisqu' elle compte des milliards d'observations partout dans le monde à chaque année. Ces données permettent notamment aux scientifiques d’établir des constats majeurs sur le cycle de vie et de migration des oiseaux (Gouvernement du Québec, 2025). Laurie L’Espérance, diplomée à la maîtrise en biologie à l’Université de Sherbrooke, nous partage en quoi eBird a été important dans la réalisation de son projet de recherche sur les hirondelles bicolores (L'Espérance, 2025) : 

Sensibiliser aux enjeux de la biodiversité

Selon plusieurs études, la participation à des projets de science citoyenne à démontré une influence positive, et même transformatrice, sur les contributeurs (Lizana 2023). Ceux-ci révèlent avoir expérimenté une prise de conscience par rapport aux enjeux climatiques et comment ils affectent concrètement la faune et la flore qu’ils observent : « J’ai toujours aimé les animaux, les plantes, la nature, ça a toujours fait partie de mes intérêts très clairs mais là ça passe un peu plus à une conscience sociale pour la préservation concrète par rapport à la préservation abstraite » (Participante No 1 dans Lizana, 2023, p. 48). Puisque, oui, l’érosion de la diversité est un phénomène connu de tous, mais souvent oublié lorsqu’on ne s’y attarde pas. À travers l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, les contributeurs reconnaissent plus aisément les espèces qui les entourent ainsi que les défis auxquels ils font face et sont plus susceptibles de faire des recherches approfondies sur les sujets rencontrés lors des séances d’observation (Lizana, 2023). Ainsi la science participative devient un moyen concret pour les individus de s’impliquer dans une cause qui les touche (Lizana, 2023). 

La science citoyenne, oui c’est pour la science, mais c’est aussi pour vous ! Prendre le temps de regarder un papillon butiner pour inscrire vos observations dans la plateforme Mission monarque, c’est également une occasion de reconnecter avec la nature. Que vous soyez en ville, dans un quartier urbain ou en campagne, cherchez les oiseaux dans les arbres, étendez vous sur le sol pour regarder les fleurs, prenez les en photos, attardez vous aux plantes les plus communes pour apprendre à les découvrir sous un nouveau jour. Vous ne pourrez qu’en sortir gagnant !

Si le sujet vous intrigue, voici quelques idées pour continuer d’explorer la science citoyenne : 

  • Dans le domaine de la botanique, visitez Pl@ntNet et Sauvages de ma rue

  • Pour les fans d’astronomie, découvrez Planet Hunters et Solar Stormwatch

  • Carapace, Chauve souris aux abris, et iNaturalist vous seront utiles pour consigner vos observations sur diverses espèces d’animaux !

Jaymie Vézina 



Bibliographie 

Visiter l’espace aux prix des générations futures

150 000 dollars. C’est le prix que six femmes ont payé pour aller dire un petit « coucou » à la Terre de  l’espace. Répétons-le, 150 000 dollars, ce n’est pas rien (Blue Origin, 2025) ! Bien évidemment, au lieu de  donner l’argent à des organismes de charité ou à des individus ayant besoin d’aide, l’argent a été investi dans  le réchauffement climatique.

https://slate.com/culture/2025/04/katy-perry-blue-origin-space-flight-gayle-king-lauren-sanchez.html

Le 14 avril 2025, six célébrités, dont Katy Perry et Lauren Sanchez, la fiancée de Jeff Bezos, se sont envolées pour l’espace avec la fusée New Shepard de Blue Origin. L’équipage entièrement composé de femmes est  parti pour un gros total de 11 minutes et a généré 93 tonnes de dioxyde de carbone. Cela équivaut à 8 ans de  ce qu’on appelle le « budget carbone », soit la quantité de gaz à effet de serre émise par l’humanité (Otter,  2025). Pardon ? Pour quelles raisons déjà !? Ah oui ! Dire un petit salut spatial. Je tiens à mentionner que ce  n’est pas le premier vol touristique en direction de l’espace. Il s’agit du onzième vol de la compagnie Blue  Origin, fondée par le multimillionnaire Jeff Bezos. Selon leur site internet, leur mission consiste à, et je cite  : « Envisager un avenir où des millions de personnes vivront et travailleront dans l'espace avec un seul  objectif : restaurer et préserver la Terre, notre origine bleue. » (Blue Origin, 2025). Ah OK. Comment est ce  que le vol de New Shepard et les onze autres ont aidé à restaurer et préserver notre Planète ? (Criquets...)  

Je suis totalement pour l’idée que ce soit un équipage exclusivement féminin, mais je pense sincèrement,  que c’est une décision un peu égoïste. Si je me souviens bien, Katy Perry s’est affiliée, en 2013, avec  l’UNICEF afin de militer pour les changements climatiques et sensibiliser la population à changer leurs  habitudes. Drôle d’adon ! Imaginez-vous donc que lorsqu’elle est retournée sur Terre, elle lui a d’abord  donné un petit bisou, mais elle a aussi prononcé ces paroles, ma foi intéressantes « Nous devons sauver la  Terre Mère » (Stacy, 2025). Écoute, ça commence mal avec 93 tonnes de CO2 émis. Je pense que ce qui  m’impressionne le plus sont les répercussions effectuées par leur vol. Ceux-ci seront ressenties par les  générations future : dont les enfants de certaines d’entre elles. Je peux comprendre que de voir la Terre de  l’espace est probablement une expérience personnelle hors du commun. J’étais la première à dire, lorsque 

j’étais plus jeune, que je voulais aller dans l’espace. Ce n’est définitivement plus le cas et je n’ai pas besoin  de monter à 100 km d’altitude pour dire qu’il faut sauver la terre ! Ici, on parle de nuire aux prochaines  générations avec un simple vol de 11 minutes. La lutte contre la crise climatique est devenue une anxiété  sociale énorme, notamment pour les jeunes. On met l’emphase sur le recyclage, le compostage et la  réutilisation. On met l’emphase sur explorer nos eaux profondes, on se tourne vers l’énergie verte et on  encourage le covoiturage. À quoi ça sert de faire tous ces efforts, si les générations antérieures ne le font  même pas ? Je pense que l’éducation sur le changement climatique auprès de tous les individus de la  population est nécessaire. En 11 minutes, de nombreux efforts de plusieurs années sont tombés à l’eau. Parce  que, sincèrement, voir des gens aller dans l’espace pour le plaisir, n’a aucun sens avec ce qu’on essaie de  nous inculquer. Ça décourage plus qu’autre chose.  

Je souhaite aussi préciser que je ne suis définitivement pas la seule à penser comme ça. Plusieurs utilisateurs et autres personnalités connues, sur les réseaux sociaux, dénoncent ce voyage. Ils affirment ne plus vouloir  entendre des célébrités s'engager pour le climat s’ils leurs actions sont pour prouver le contraire. La modèle  Emily Ratajkowski critique Katy Perry en disant qu’elle ne voyait aucunement le point d’aller dans l’espace (Wanshel, 2025). A-t-elle tort...? Parfois, il faut penser plus qu’une fois avant de prendre une décision qui  pourrait impacter une planète entière.  

Avec un vol de seulement 11 minutes et plus de 150 000 dollars par personne, six femmes peuvent,  maintenant, dire qu’elles sont allées dans l’espace. Dans une ère où l’état de notre Planète est crucial et où  des individus militent chaque jour pour des changements. C’est de se poser des questions comme : où va  l’humanité, quel genre d'état naturel réserve-t-on à nos futurs enfants et comment allons-nous faire pour  changer les choses ?  

Marie Véronique Ross

Bibliographie :  

  • Photo : Ajemian, E. H. (2025, 15 avril). Does the Blue Origin spaceflight mean anything for  women ? Fortune. https://fortune.com/2025/04/15/does-blue-origins-all-female spaceflight-mean-anything-for-women/ 

  • Blue Origin. (2025, 11 février). About Blue | Blue Origin. https://www.blueorigin.com/fr-FR/about-blue  

  • Blue Origin launches Katy Perry into space with first all-female crew. (2025, 15 avril). [Vidéo].  MSNBC.com. https://www.msnbc.com/opinion/msnbc-opinion/blue-origin-all-women-space flight-katy perry-rcna201261 

  • « Je voulais être un modèle » | Katy Perry dans l’espace à bord d’un vol 100 % féminin. (2025, 14 avril).  La Presse. https://www.lapresse.ca/arts/musique/2025-04-14/je-voulais-etre-un-modele/katy perry dans-l-espace-a-bord-d-un-vol-100-feminin.php  

  • Liberatore, S. (2025, 15 avril). Shocking Katy Perry video resurfaces undermining all her claims about her  Blue Origin trip. Mail Online. https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-14614411/Katy  Perry-video-resurfaces-claims-Blue-Origin-climate-change.html 

  • Lubeck, A. (2025, 14 avril). Le voyage dans l’espace de Katy Perry a abîmé la couche d’ozone :on vous  explique comment. Le Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2025/04/14/le voyage dans-lespace-de-katy-perry-a-abime-la-couche-dozone-on-vous-explique-comment 

  • Otter, M. (2025, 15 avril). Katy Perry a émis autant de CO₂ en onze minutes dans l’espace que ce que le  Giec recommande pour huit ans. Le Nouvel Obs. https://www.nouvelobs.com/monde/20250415.OBS102769/katy-perry-a-emis-autant-de-co-en onze minutes-dans-l-espace-que-ce-que-le-giec-recommande-pour-huit-ans.html 

  • The Associated Press. (2025, 14 avril). Blue Origin launches an all-female celebrity crew with Katy Perry,  Gayle King and Lauren Sanchez. CTVNews. https://www.ctvnews.ca/sci-tech/article/katy-perry  set-to-roar-into-space-on-all-woman-flight/

  • Wanshel, E. (2025, 15 avril). Emily Ratajkowski says she’s ‘Disgusted’ by Katy Perry’s trip to space, and  many agree. HuffPost. https://www.huffpost.com/entry/emily-ratajkowski-says-shes-disgusted-by  katy-perrys-space-mission-and-many-agree_n_67fe7cc6e4b0095bc49087db

Édition de mars

Chères lecteurs et lectrices,

L’édition de mars du ComMédia est enfin arrivée🍀

Ce mois-ci, les articles portent sur la place des femmes en affaires, l’IA aux Golden Globes, ainsi que sur l’affaire Pizza Salvatoré.

PSST… Nos coups de 💚 du mois sont signés Judith Bernadet, qui met en lumière la solidarité féminine, et Maxime Gravel, qui explore la liberté académique aux États-Unis.

Bonne lecture🤓

Mégane Emmanuelle English,
Rédactrice en chef

Pizza Salvatoré et la culture : un débat qui fait lever la pâte

La franchise québécoise Pizza Salvatoré s’est retrouvée dans la sauce dernièrement après avoir remis en question la qualité de l’investissement en culture québécoise. En effet, c’est Guillaume Jr Abbatiello, co-propriétaire de Pizza Salvatoré, qui fait une déclaration choc :

« Et si la culture n’est pas rentable, c’est peut-être parce que ce qu’on fait, ben c’est de la marde »,

un discours qui n’a pas manqué d'enflammer les réseaux sociaux et même provoqué une réaction du ministre de la Culture, Mathieu Lacombe (Le Soleil, 2025). 

Selon Marie-Élène Guay du Devoir, rapporté par Catherine Guillemette, la franchise aurait reçu 90 000 $ en subventions publiques après avoir critiqué le financement culturel. Cette révélation a rapidement relancé la polémique (24 Heures, 2025). 

Investir dans la culture… ou dans la publicité ? 

En pleine tourmente, Pizza Salvatoré a révélé investir plus de 2,4 millions de dollars par année dans la culture québécoise, affirmant que 50 % de son budget publicitaire est destiné aux productions locales. Cette tentative de repositionnement n’a pas suffi à calmer la polémique. Si la moitié du budget dit « culturel » de Pizza Salvatoré est en réalité de la publicité, peut-on réellement parler d’un investissement en culture ? Un placement de produit dans une émission de télé n’est pas un soutien direct aux créateurs, mais bien une stratégie marketing. 

Mais au-delà de la tempête médiatique, l’affaire soulève une question plus large : comment sont répartis les fonds publics en culture ? Pendant que des artistes peinent à obtenir des subventions, d’autres réussissent à en décrocher… en vendant de la pizza. 


Une réponse tant attendu 

Face au tollé, l’entreprise a tenté de calmer la situation. La famille Abbatiello s'est officiellement dissociée des propos de Guillaume J. C’est la copropriétaire de la chaîne et stratège en communication Élisabeth Abbatiello qui a pris la parole pour défendre l’entreprise :

« Les propos de Guillaume ne sont pas les propos de la famille ni de l’entreprise, et ça transparaît partout sur les écrans, les journaux, les radios, les podcasts québécois depuis de nombreuses années. » (24 Heures, 2025)

Peu de temps après, Guillaume a tenté d’éteindre le feu en publiant un message d’excuses sur une publication Facebook le 5 Mars 2025 :

« Je crois en la culture québécoise et je n’ai jamais dit le contraire. Je tiens à m’excuser personnellement auprès de mes frères et sœurs, de mes collègues, des 3500 membres de l’équipe et des gens du domaine artistique si mes propos ont pu déranger. »


Gestion de crise : l’avis d’un spécialiste 

Face à cette tempête médiatique, comment Pizza Salvatoré aurait-elle pu mieux gérer la situation ? Pour en parler, j’ai consulté Stéphane Prud’Homme MBA, PhDc, chargé de cours, Université de Montréal 

« Sans être basé sur des sondages sur la réputation de Pizza Salvatore depuis l'incident sur la culture, je dirais que le copropriétaire de l'entreprise gagnerait à peser ses propos dans les médias. C'est dommage car Salvatore jouissait d'une bonne réputation et d'une solide crédibilité avant les interventions du gestionnaire. Il ne s'agit pas de censurer les propos du gestionnaire, mais plutôt de les aligner avec la stratégie réputationnelle de l'entreprise, en amont de la prise de position. Et surtout d'évaluer les retombées de ses messages. » 

Est-ce que ça va lever ou coller au fond du plat ? → 

Plusieurs artistes ont dénoncé la confusion entre financement culturel et placement publicitaire. Kim Lévesque-Lizotte a partagé un texte de Marie-Élaine Guay résumant la saga, avec un avertissement aux créateurs commandités par Pizza Salvatoré : « Sachez au moins ce qu’ils pensent de vous. » Guy Lepage, lui, a ironisé sur la réaction du livreur de pizza et critiqué l'exemple de TLMEP pour parler de non-rentabilité culturelle. 

Si plusieurs ont dénoncé ses propos, d’autres ont profité de l’occasion pour exprimer un malaise plus large sur l’état actuel de la culture québécoise. Un commentaire des internautes qui revient souvent : la télé québécoise ne parle plus aux jeunes. Beaucoup affirment ne pas pouvoir nommer cinq jeunes comédien·nes de la relève, signe d’un désintérêt des médias traditionnels pour cette génération. 

Derrière la controverse, des interrogations persistent : pourquoi un secteur aussi financé peine-t-il à élargir son public ? La culture, en période vulnérable, suscite des doutes sur la manière dont les fonds sont investis. Monsieur Pizza n’est pas seul à poser la question. 

Salma Achoumi


Bibliographie : 

  • Guillemette, C. (2025, mars 4). L’argent du peuple est dilapidé : un dirigeant de Pizza Salvatoré dénigre le milieu culturel, le ministre réagit. 24 Heures. https://www.24heures.ca/2025/03/04/largent-du-peuple-est-dilapide-un-dirigeant-de-pizza-salvat ore-denigre-le-milieu-culturel-le-ministre-reagit 

  • Guillemette, Katherine. Pizza Salvatoré : finalement, l’entreprise a elle aussi reçu des subventions. FM93, 2025. [En ligne]. Disponible à : https://www.fm93.com/audio/683319/pizza-salvatore-finalement-l-entreprise-a-elle-aussi-recu-de s-subventions 

  • Le Soleil. « Du contenu culturel de marde » : le ministre Lacombe répond au co-propriétaire de Pizza Salvatoré. Le Soleil, 4 mars 2025. [En ligne]. Disponible à : https://www.lesoleil.com/affaires/2025/03/04/du-contenu-culturel-de-marde-le-ministre-lacombe repond-au-co-proprietaire-de-pizza-salvatore-3QABRKOMSFHXPBWWNQZVS7VW7Y/ 

  • YouTube. Pizza Salvatoré et la controverse culturelle. YouTube, 2025. [Vidéo en ligne]. Disponible à : https://youtu.be/FeiExUKTJic?si=O0h0fMEqbVKMHEjx

Ensemble pour nos filles

La Journée internationale des droits des femmes (célébrée le 8 mars) a disparu des calendriers Google et Apple. Un hasard ? Pas si sûr! Selon de nombreux internautes, ce retrait aurait un lien avec les directives de l’administration Trump sur la diversité (Radio-Canada, 2025). 


Samedi, le 8 mars 2025, sous un froid mordant, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées au centre-ville de Montréal pour former une chaîne humaine vibrante de solidarité. En cette journée internationale des droits des femmes, l’événement, organisé par le collectif Mères au Front et appelé «Ensemble pour nos filles», a été perçu comme un cri de cœur contre les politiques de Trump (Arcand, 2025). 

Une mobilisation puissante et engagée 

Un raz-de-marée rouge s’est emparé de la rue Sainte-Catherine, devant le consultat des États-Unis. La foule était déterminée à faire entendre sa voix. Parmi les manifestantes et manifestants, des figures publiques telles que l'écosociologue Laure Waridel, la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette, ainsi que les animatrices Marina Orsini et Isabelle Maréchal ont pris la parole avec passion (Arcand, 2025). 

« Je me sentais pétrifiée de terreur ces dernières semaines, à dire à mes enfants que le contre-pouvoir allait s’organiser un jour. Puis un moment donné, je me suis dit que le contre-pouvoir, c’est nous ! » a lancé Anaïs Barbeau-Lavalette (Arcand, 2025).


L'avortement : une inquiétude grandissante 

L’onde de choc causée par le renversement de Roe c. Wade aux États-Unis inquiète particulièrement les organisatrices, qui voient ce recul comme une menace imminente pour les droits des femmes à travers l'Amérique du Nord. 

« On est là pour dire, ensemble, qu’on n’acceptera pas ça. Ce recul ne se passera pas dans notre pays. » - Anaïs Barbeau-Lavalette (Thériault, 2025). 

Un message clair pour l’avenir 

« Ce qu’on fait ici, c’est de la prévention d’un recul de nos droits », a insisté l’ex-politicienne Françoise David. Ce constat résonne d’autant plus fort alors que le gouvernement du Québec vient de couper un programme de traduction destiné aux femmes victimes de violence ne parlant ni français ni anglais (Arcand, 2025). 

Dans la foule, des pancartes dénonçaient également les menaces que fait peser l’actuel chef du Parti conservateur canadien, Pierre Poilievre, qui a souvent évité de prendre position fermement sur la question de l’avortement (Arcand, 2025).

« Les gens sous-estiments le pouvoir qu’ils ont. On a l’impression que ça ne sert à rien d’aller à des manifestations, de se mobiliser, alors que c’est fondamental. C’est leur laisser la porte grande ouverte que de ne pas résister » a expliqué Mme Waridel à RDI (Thériault, 2025). 


Une lutte mondiale 

La mobilisation de Montréal s’est inscrite dans un mouvement global : partout dans le monde, des centaines de milliers de personnes ont manifesté. Elles étaient 25 000 à Madrid, à revendiquer une « égalité réelle, pas de pacotille » ( Thériault, 2025). 


Un espoir puissant 

Les manifestant.es ont fait résonner huit minutes de silence, unies dans une puissante solidarité, en formant une chaîne humaine. Malgré les inquiétudes, cette chaîne humaine a envoyé un message clair : la résistance est bien vivante.

« Notre pouvoir, c’est d'être ensemble », a souligné l’actrice Debbie Lynch-White (Arcand, 2025). 

Et c’est peut-être là que réside la plus grande victoire de cette journée : avoir rassemblé des milliers de voix qui, unies, refusent de se taire.


Judith Bernadet



Bibliographie :

  • Arcand, F. (2025). Des chaînes humaines pour dénoncer les politiques de Trump. La Presse.https://www.lapresse.ca/actualites/2025-03-08 

  • Radio-Canada. (2025). Google et Apple retirent la Journée des droits des femmes de leurs calendriers. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/info/breve/12256/google 

  • Thériault, J.-F. (2024). Des Québécoises réunies contre les politiques de Donald Trump. Radio-Canada.https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2146573/8 


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Le capital à reconstruire

Elle s’appelle Camille. Elle a une idée brillante, un business plan solide, et une équipe prête à tout donner. Pourtant, après quinze pitchs, le verdict est toujours le même : « On adore votre énergie, mais ce n’est pas ce qu’on cherche pour l’instant.» Traduction : on ne finance pas les femmes. Pas vraiment. Pas dans les secteurs dits “sérieux”. Et sûrement pas au premier tour de table.

https://ca.pinterest.com/pin/2392606047681787/

En 2023, les startups fondées exclusivement par des femmes ont reçu seulement 2 % du capital-risque mondial, un chiffre qui stagne depuis près d’une décennie (TechCrunch, 2024). Et pourtant, les femmes fondatrices sont là. Elles innovent, lancent des produits qui répondent à des besoins concrets, créent de l’emploi. Ce qu’il leur manque, ce ne sont pas les idées, mais l’accès au capital.

Face à ce déséquilibre structurel, certaines femmes ont décidé de créer ce que le système ne leur offrait pas : des fonds conçus pour elles. Female Founders Fund, lancé par Anu Duggal en 2014, est né de cette urgence. Le fonds soutient des entreprises comme Tala, Maven Clinic ou Zola (Female Founders Fund, 2024), qui démontrent que les modèles dirigés par des femmes peuvent être à la fois innovants, rentables et proches des réalités du quotidien. Au Canada, plusieurs initiatives viennent bousculer les règles du jeu en matière de financement. Le fond StandUp Ventures, basé en Ontario, investit dans des startups où au moins une fondatrice fait partie de l’équipe, souvent dans les domaines technologiques ou scientifiques. On y retrouve des noms comme Nudestix, une marque de maquillage clean fondée par une mère et ses filles, aujourd’hui vendue à l'international. De plus, The51, bien que basé à Calgary, soutient activement des entreprises québécoises. Ce fond unique en son genre mobilise les capitaux de femmes pour les réinvestir dans des entrepreneures d’ici (The51, 2024). Parmi leurs projets soutenus : Folia, une startup montréalaise qui développe des outils numériques pour la gestion éthique des données de santé. The51, c’est plus qu’un fond : c’est une communauté de femmes qui croient au pouvoir de l’investissement pour transformer l’économie.


Selon une enquête menée par CNBC, plusieurs fondatrices affirment que « c’est un moment passionnant pour les femmes en affaires », malgré les défis persistants (CNBC, 2024). Elles parlent d’une nouvelle manière d’entreprendre : plus axée sur l’impact, la durabilité, l’inclusion, et moins sur la croissance à tout prix. Mais cette vision ne suffit pas à faire tomber les barrières. Par ailleurs, le livre The Broken Rung, publié par trois associées de McKinsey, explique que les inégalités entre les femmes et les hommes au travail commencent très tôt, dès les premiers postes (McKinsey, 2024). Le « premier barreau cassé » fait référence au fait que beaucoup de femmes n’arrivent pas à obtenir leur première promotion vers un poste de gestion. Et si elles n’ont pas cette chance, elles avancent moins vite dans leur carrière. Elles ont alors moins d’expérience, moins de responsabilités, et moins de visibilité, tout ce que les investisseurs regardent quand une femme lance sa propre entreprise. Bref, même avec de bonnes idées, elles partent souvent avec une longueur de retard.


Heureusement, certaines grandes banques et firmes d’investissement ont pris conscience du problème. Goldman Sachs a lancé Launch With GS, un programme d’investissement de plusieurs centaines de millions de dollars pour soutenir les fondatrices et fondateurs issus de groupes sous-représentés (Goldman Sachs, 2024). Au Canada, TD a lancé le programme Women in Enterprise, qui offre du financement, du mentorat et de la visibilité aux femmes entrepreneures, en collaboration avec The Brand is Female (TD, 2024). La Banque de Montréal (BMO) a également engagé un milliard de dollars pour soutenir les entreprises dirigées par des femmes (BMO, 2024). Les femmes entrepreneures ne manquent pas d’idées. Elles manquent de financement. Pourtant, les chiffres sont clairs : selon le Boston Consulting Group, les startups fondées par des femmes génèrent en moyenne 78 cents de revenu pour chaque dollar investi, contre 31 cents pour celles fondées par des hommes (BCG, 2018). Ces données devraient suffire à convaincre que soutenir les femmes entrepreneures, ce n’est pas un pari risqué, c’est une opportunité qu’on tarde encore à saisir.


Les fonds spécialisés dans le financement des femmes ne sont pas de simples initiatives inspirantes, ce sont des leviers pour réinventer l’économie. Ils permettent à d’autres idées d’émerger, à d’autres récits d’exister, à d’autres façons d’entreprendre de se développer. Et surtout, ces fonds envoient un message fort : ce ne sont pas aux femmes d’adapter leurs ambitions aux règles du jeu, ce sont les règles qu’il faut revoir. Ils nous rappellent que les femmes n’attendent pas qu’on leur donne la permission d’entreprendre : elles le font déjà. Souvent avec peu de moyens, mais beaucoup de vision. Leur offrir les ressources nécessaires pour réussir, c’est un choix stratégique et un investissement intelligent. À notre échelle, des initiatives comme le Comité Femmes en affaires d’HEC Montréal ou Desautels Women in Business à McGill rappellent que le changement commence aussi sur les campus, là où se forment les entrepreneures et les réseaux de demain.

Après tout, croire en l’avenir, c’est peut-être juste décider de soutenir celles qui le bâtissent?

Marielle Bucheit

Bibliographie:

  • Boston Consulting Group. (2018). Why women-owned startups are a better bet. https://www.bcg.com/publications/2018/why-women-owned-startups-are-better-bet

  • Banque de Montréal. (2024). BMO pour les femmes. https://www.bmo.com/principal/entreprises/bmo-pour-les-femmes/

  • CNBC. (2024, January 5). Female founders say it’s an amazing time for women to be in business. https://www.cnbc.com/2024/01/05/female-founders-say-it-is-an-amazing-time-for-women-to-be-in-business.html

  • Female Founders Fund. (2024). Portfolio. https://femalefoundersfund.com/portfolio/

  • Goldman Sachs. (2024). Launch With GS. https://www.goldmansachs.com/what-we-do/investing-and-lending/launch-with-gs/

  • McKinsey & Company. (2024). The broken rung. https://www.mckinsey.com/featured-insights/mckinsey-on-books/the-broken-rung

  • TechCrunch. (2024, January 4). Female founders raised just 2% of VC funds in 2023. https://techcrunch.com/2024/01/04/female-founders-vc-funding-2023/

  • TD Canada Trust. (2024). Women in Enterprise. https://www.td.com/ca/en/personal-banking/solutions/women-in-enterprise

  • The51. (2024). Home. https://the51.com/

  • The Brand is Female. (2024). Home. https://thebrandisfemale.com/




Liberté académique

Le 4 mars 2025, Donald Trump a annoncé sur son réseau Truth Social que « tout financement fédéral allait s’arrêter pour les écoles et universités qui permettent des manifestations illégales ». Il a aussi menacé d’expulser les étudiants étrangers et d’imposer des sanctions sévères aux manifestants américains.

Cette déclaration s’inscrit dans une tendance inquiétante de restriction des libertés académiques et d’ingérence politique dans l’enseignement supérieur. Historiquement, les universités ont toujours été des espaces de débat et de contestation, où de nombreux mouvements sociaux ont vu le jour. En conditionnant leur financement à leur conformité avec des directives gouvernementales, l’administration Trump remet directement en question les principes fondamentaux du Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression et de réunion (Pildes, 1998, p.738).

Cette volonté de contrôle ne concerne pas seulement les manifestations étudiantes. Elle ouvre aussi la porte à une surveillance idéologique des campus, mettant en péril l’autonomie des institutions et la liberté d’enseignement. Plusieurs organisations de défense des droits civiques et des universités ont déjà exprimé leurs inquiétudes face à cette tentative d’étouffer l’opposition politique dans le milieu académique :

« C’est un nouvel exemple de la politisation de l’enseignement supérieur et de l’ingérence du gouvernement qui entravent la liberté académique et l’autonomie institutionnelle », a regretté, dans une réaction à l’Agence France-Presse (AFP), la présidente de l’Association américaine des universités (AACU), Lynn Pasquerella.


Cette tendance répressive ne se limite pas aux États-Unis. Le 7 mars dernier, la mobilisation Stand up for Science, initiée par cinq chercheurs américains, a trouvé un écho retentissant en France, alors qu’elle est restée plus discrète aux États-Unis. Ce mouvement dénonçait les attaques répétées contre la liberté scientifique sous l’administration Trump, notamment la réduction des financements de recherche et la censure de sujets jugés sensibles, comme le climat, les inégalités ou les questions de genre.

© Flickr/Peg Hunter

Réfléchir, c’est s’émanciper

Face à cette dérive autoritaire, la défense de l’éducation passe aussi par le développement de l’esprit critique. Nous vivons dans une époque où l’information circule en continu, souvent biaisée ou manipulée. Distinguer le vrai du faux devient un exercice quotidien, qui demande une approche analytique et nuancée.


L’esprit critique ne se limite pas à réfuter des arguments ; il permet de comprendre les structures de pouvoir qui influencent les décisions politiques et académiques. Restreindre les espaces de débat et de contestation dans les universités, c’est affaiblir la capacité des citoyens à penser par eux-mêmes. Si l’université devient un lieu de contrôle plutôt qu’un espace de réflexion, c’est toute la société qui en subit les conséquences.

Maxime Gravel



Bibliographie :

Hollywood 1 – Wicked 0

La saison des remises de prix, à Hollywood, est officiellement amorcée et les gagnants ne cessent  de me surprendre. Demi Moore remporte le Golden Globes pour la meilleure performance dans un  musical ou une comédie, Conclave gagne pour la meilleure distribution d’un film et Emilia Perez  gagne 91 prix au total. Toutefois, j’aimerais centrer votre attention sur un film en particulier qui a  beaucoup fait jaser : Wicked. Personnellement, je pense qu’il aurait dû gagner plus de prix. OK,  oui, le film a, peut-être, remporté dans la catégorie « Réussite cinématographique et au box-office  », cette année aux Golden Globes. Quoi qu’il en soit, Wicked aurait dû décrocher plus de prix,  notamment, pour sa musique et la performance de ses acteurs.

Suis-je biaisée ? Probablement.  Opinion valide ? 100%. Ceci est définitivement une chronique d’opinion.  Bonne lecture !  

https://100catholicmovies.substack.com/p/wicked-review

La comédie musicale :  

Wicked se situe juste avant la fameuse aventure du Magicien d’Oz (1939) impliquant Dorothée, la  petite fille au soulier rouge brillant. L'histoire met en lumière la relation amour-haine entre Elphaba  (jeune femme à la peau verte) et Glinda (jeune femme blonde aux habits roses) tout en dénonçant  les instances gouvernementales, ainsi que la discrimination. Basé sur le roman de Gregory Maguire, publié en 1995 (La véritable histoire de la méchante sorcière de l’Ouest), Wicked The Musical fait  ses débuts, en 2003, sous les lumières de Broadway. Le musical est sous la direction de John  Bucchino, avec Idina Menzel et Kristin Chenoweth comme comédiennes principales. En 2006, plus  de 1000 performances ont été présenté et celles-ci ne cessent d’augmenter. En 2023, Wicked fête ses 20 ans de production faisant parti des comédies musicales les plus anciennes et les plus  populaires. 

Le film et ses prix : 

La réalisation du film par John Chu a débuté, en 2022, et a fait son apparition dans nos cinémas le  22 novembre 2024. Le casting exceptionnel est composé de : Jeff Goldblum, Michelle Yeoh, Ethan  Slater, Jonathan Bailey (allô !!), Cynthia Erivo, Ariana Grande, Peter Dinklage, Bewon Yang et  Marissa Bode. Depuis sa sortie, le film a reçu plusieurs critiques variées. Celui-ci obtient une note  de 88% sur Rotten Tomatoes, 7,5/10 sur IMDb, 4/5 sur The Guardian et une note de 73% sur  MetaCritic. Outre ses bonnes évaluations, les nombreuses cérémonies de prix ne lui ont pas accordé  autant de récompenses que nous (le public) l’aurions pensé. Par exemple, aux Oscars, le film ne  remporte que deux prix (meilleure conception de costumes et meilleure conception de production) sur un total de 10 nominations. Aux Golden Globes, il remporte un seul prix sur un total de quatre nominations, deux prix sur sept nominations au British Academy Film Awards et très peu d’entre  eux soulignent la performance musicale. Le film mérite entièrement ses prix remportés, mais je me  donne le droit de comparer Wicked à Emilia Pérez.  

Ce que j’en pense :  

En début d’année, un article intitulé « Emilia Pérez and The Brutalist AI Contreversies, Explained » écrit par Tim Lammers décrit comment ses deux films (gagnants aux Oscars) ont utilisé  l’intelligence artificielle (IA) lors de leur réalisation. Tous les deux l’ont utilisé, notamment, pour  du clonage de voix (création d’une voix de manière artificielle). Bien évidemment, l’utilisation de  l'IA ne se limite pas qu’à ces deux films. En effet, la maison de production du film « Bohemian  Rhapsody » (afin que la voix de Rami Malek soit le plus authentique possible à celle Freddie  Mercury), ainsi que « The Irishman » (rajeunissement des acteurs) en ont aussi bénéficié. Plusieurs  autres studios vont s’en servir pour des effets spéciaux, des graphiques de fonds, le design, etc. Cependant, ce qui me dérange le plus est l’utilisation de l’IA pour les voix. Si nous repensons à  Wicked, la musique du film a été chanté en live tout au long du tournage. Oui oui, lorsque Cynthia  Erivo (Elphaba) chante « Defying Gravity » en volant dans les airs, elle chante de sa propre voix.  C’est ça la différence entre Wicked et le reste des films utilisant l’intelligence artificielle.

Les deux actrices principales (Ariana Grande et Cynthia Erivo) n’ont gagné aucun prix face à leur  performance. Les efforts effectués ne sont pas les mêmes que ceux effectués par l’équipe d’Emilia  Pérez ayant gagné « meilleure comédie musicale » aux Golden Globes 2025. Où j’en viens avec  ça ? Pour moi, il est inacceptable d’avoir ces deux films dans la même catégorie. Avec l’ère de  l’intelligence artificielle, nous devons faire des changements. Je n’ai aucun problème à ce que l’IA  soit utilisée pour la réalisation d’un film ! En revanche, c’est une responsabilité qu’il faut assumer  afin que le public, les juges, ainsi que les compétiteurs soient au courant. C’est une question  d’honnêteté. Une modification doit être effectuée auprès des académies lors des remises de prix. Il  est impossible de comparer de la même façon un film où les acteurs chantent en live versus un film  où l’IA a été utilisé pour du clonage de voix.


Cela dit, j’ai quelques suggestions à proposer. Pas  que mon opinion changera comment Hollywood se comporte, mais une fille peut bien s’essayer ! Je suggère de nouvelles catégories créées différenciant les films ayant bénéficier de l’IA, comme :  « meilleur film ayant utilisé de l’IA », « meilleure chanson ayant tirée avantage de l’intelligence  artificielle », ou bien « meilleures effets spéciaux ayant profité de l’IA ». Les académies pourraient  émettre une charte visant les films à déclarer l’utilisation de l’intelligence artificielle afin que tous soient informés. Enfin, les productions devraient indiquer, lors des crédits de fin, l’adoption de  l’IA. Suis-je trop sévère ? Probablement, mais Wicked aurait dû avoir une reconnaissance pour sa  création artistique. C’est pourquoi, je pense qu’il est primordial qu’Hollywood implante des  règlements qui tiennent compte de cette réalité.  


Les critères pour reconnaître le travail d’artistes ayant chanté en live n’est définitivement pas les mêmes que ceux pour l’IA et ceci s’applique pour n’importe quelle sorte de travail. Avec  l’intelligence artificielle qui se développe et qui est de plus en plus utilisée, l’industrie du film se  doit de faire des changements importants afin que tous les efforts soient reconnus à grandeur  humaine ou technologique.  


Marie Véronique Ross


Bibliographie :  

  • Photo: Vazquez, D. O. (2025, 27 janvier). Wicked Title Card. Pinterest. https://ca.pinterest.com/pin/11118330328092988/ 

  • Dziemianowicz, J. (2023, 25 juillet). A timeline of &apos ; Wicked&apos ; on Broadway and  beyond. New York Theatre Guide. https://www.newyorktheatreguide.com/theatre news/news/a-timeline-of-wicked-on-broadway-and-beyond 

  • Cnbc, R. L. (2025, 4 février). AI-enhanced films ‘The Brutalist’ and ‘Emilia Pérez’ score Oscar  nominations for acting, editing. NBC 5 Dallas-Fort Worth.  

  • https://www.nbcdfw.com/news/business/money-report/ai-enhanced-films-the-brutalist and-emilia-perez-score-oscar-nominations-for-acting-editing/3749036/ 

  • Ide, W. (2025, 6 mars). Wicked review – Cynthia Erivo and Ariana Grande make the magic  happen. The Guardian. https://www.theguardian.com/film/2024/nov/24/wicked-the-film review-cynthia-erivo-and-ariana-grande-jon-m-chu-part-one-1 

  • Golden Globes. (2024b, décembre 20). Wicked - Golden Globes.  https://goldenglobes.com/film/wicked/ 

  • Golden Globes. (2024, 9 avril). Winners & Nominees - Golden Globes.  https://goldenglobes.com/winners-nominees/ 

  • Nominations Announced for the 2025 EE BAFTA Film Awards - Bafta. (2025, 31 janvier). Bafta.  https://www.bafta.org/media-centre/press-releases/2025-ee-bafta-film-awards nominations 

  • Lammers, T. (2025a, janvier 21). ‘Emilia Pérez’ and ‘The Brutalist’ AI controversies, explained.  Forbes. https://www.forbes.com/sites/timlammers/2025/01/21/emilia-prez-and-the brutalist-ai-controversies-explained/ 

  • Lammers, T. (2025, 3 mars). Oscars 2025 : How many Oscars did ‘Wicked’ win ? Forbes.  https://www.forbes.com/sites/timlammers/2025/03/03/oscars-2025-how-many-oscars-did wicked-win/ 

  • Strout, P. (2025, 24 février). « Wicked » Has a Disappointing 2025 SAG Awards With O Wins  Among 5 Noms. Us Weekly. https://www.usmagazine.com/entertainment/news/wicked walks-away-with-0-wins-at-the-2025-sag-awards/

  • Tran, D. (2022, 25 février). Everything you need to know about &apos ; Wicked&apos ; on  Broadway. New York Theatre Guide. https://www.newyorktheatreguide.com/theatre news/news/everything-you-need-to-know-about-wicked-on-broadway 

  • Wicked reviews. (2024, 22 novembre). Metacritic. https://www.metacritic.com/movie/wicked/

  • Wicked (2024) | Rotten Tomatoes. (s. d.). Rotten Tomatoes.  https://www.rottentomatoes.com/m/wicked_2024



Édition de Février

Chères lecteurs et lectrices,

L'édition de février du Commédia est enfin arrivée✨

Avant toute chose, je tiens à remercier toutes les rédactrices qui se sont impliquées malgré la mi-session💌


Ce mois-ci, plongez dans :
📖 Le début d’un échange étudiant en Suède
✊ Un article sur le féminisme décolonial
🏫 Un regard sur les nouvelles politiques vs les écoles californiennes
🎭 Un article sur le Carnaval de Québec et ses traditions


PSST… Nos coups de ❤️ du mois sont Marie Véronique Ross qui vous guide pour célébrer l’amour de manière locale et Jaymie Vézina qui explore le stress lié à la gestion des finances personnelles



Bonne lecture🤓

Mégane Emmanuelle English - Rédactrice en chef

Célébrer l'amour localement

Février. Le mois de l’amour. À chaque année, pour la plupart, c’est le même casse-tête... quoi  donner à sa douce moitié ? Mais n’est-ce pas une question qu’on se pose à n’importe quel moment  important dans l’année ? Avec l’actualité du moment et les menaces tarifaires du président des États-Unis, la plupart des québécois se tournent vers des produits d’ici. C’est le fameux mot qu’on  ne cesse d’entendre : Local. Dans cet article, je vous propose cinq idées de type romantiques et  locales pour votre partenaire afin que vous puissiez célébrer ensemble votre prochain moment  important. Attachez votre tuque, on commence ! 

1- Savourez un café d’ici  

Avec plus de 12 ans d’expérience, le café Saint-Henri continu à faire vibrer les papilles gustatives  des montréalais. Il s’agit du tout premier micro-torréfacteur à s’être installer, ici, au Québec. Bien  qu’il soit difficile de pousser des graines de café localement, le café Saint-Henri s’assure d’entrenir  une relation directe avec leurs producteurs afin de choisir avec soin leurs produits. Tandis que la  torréfaction (brûler l’aliment) a lieu directement à Montréal. Allant de café filtre au matcha, il y en  a pour tous les goûts. Il y a même une boutique offrant des sacs de café moulu pour la maison !  Situé un peu partout sur l’île, Café Saint-Henri est la place pour une bonne discussion autour d’un  bon café.  

260 Place du Marché Nord, au marché Jean-Talon (Ma place coup de cœur !) 

2- Autour d’une bonne bière 

Je vous transporte, maintenant, sur l’avenue Laurier Ouest. Avec son style rustique et chaleureux,  la brasserie Dieu du ciel! est considérée comme l’une des plus populaires, à Montréal. À son  ouverture, soit en 1998, elle avait déjà accueilli 300 personnes et plus. Ces visites ne cessent  d’arrêter, depuis. Situé à Saint-Jérôme et à Montréal, cette brasserie offre des bières d’ici, avec ou  sans alcool, ainsi que des bons repas. De quoi plaire à tous ! 

21 avenue Laurier Ouest, Montréal 

3- Tête-à-tête maison  

Pour ceux qui préférerait rester à la maison, je vous entends ! Ici, je vous propose un petit souper  aux chandelles fait d’aliments québécois. Se trouvant au cœur du quartier Ahuntsic, la cidrerie Sauvageon offre des cidres de pommes mélangés avec des fruits variés se vendant dans nos SAQ.  N’est-ce pas une bonne idée d’apéritif ?  

Il est indéniable qu’un apéritif se doit être accompagné d’un bon fromage d’ici. Vendu chez IGA,  métro, Avril et chez la fromagerie Hamel. Le Riopelle de l’Isle est le premier fromage artisanal  fabriqué au Québec depuis 1977. Ce fromage provenant de l’Île-Aux-Grues a gagné plusieurs  distinctions de 2002 à 2023 grâce à son goût salé, aux notes de champignons frais et de beurre  crémeux. 

Comme plat principal, je suggère, pour les amateurs de viandes, de l’agneau du Québec ou du  magret de canard du Lac Brome accompagné d’une bonne sauce à l’érable. Tous les deux peuvent  être trouvé dans les épiceries IGA et Métro. Pour tous ceux qui aimeraient une option végétarienne,  j’en ai une ! Je vous joins une recette de légumes caramélisés, qui, ma foie, a l’air délicieuse. Il  s’agit seulement d’acheter des légumes d’ici en s’assurant qu’ils aient l’étiquette « aliments du  Québec » ou « produit du Québec » et du sirop d’érable d’ici.  

Agneau à l’érable : https://erableduquebec.ca/recettes/cotelettes-dagneau-sauce-a-lerable/ Légumes caramélisés : https://erableduquebec.ca/recettes/legumes-caramelises-a-lerable/ 

Canard à l’érable : https://erableduquebec.ca/recettes/poitrines-de-canard-du-lac-brome laquees-a-lerable-et-crousti-fondant-de-legumes-racines/

4- Pour les amateurs de restaurants 

Je vous suggère le restaurant québécois/français de type rustique et élégant nommé Les Enfants Terribles. Fondé il y a 15 ans par la québécoise et l’entrepreneure Francine Brûlé, les Enfants  Terribles compte sept succursales au Québec. Avec son menu varié, l’entreprise familiale collabore  avec Aliments du Québec afin d’avoir les meilleurs produits locaux en saison. Leur menu varié  offre : de la salade, burgers, poissons, fruits de mer, viandes, volailles, tartares, pâtes, etc. Bref, il  y en a vraiment pour tous les goûts ! Le restaurant se trouve un peu partout au Québec, mais le premier à avoir été ouvert, se trouve au 1257 Avenue Bernard à Outremont.  

1257 Avenue Bernard — Outremont, Montréal 

5- Cadeau d’ici 

Votre douce moitié est amateur ou amatrice d’accessoires de maison, de poterie, de cuisine, de  soins personnels, de mode ou de papeterie ? La boutique Articho, au 300 rue Villeray à Montréal  est l’endroit parfait pour lui trouver un cadeau. Fondé par Isabelle Kapsaski et Mauro Bordet, cette  petite boutique représente environ 100 artisans provenant du Québec et du Canada. Celle-ci a été  reprise par Sabrina Bouchard qui a ensuite passé le flambeau à Claudia Gravel qui s’assure, encore aujourd’hui, de garder l’essence de la boutique. Claudia met de l’avant le travail local tout en  prenant le temps de trouver des pièces provenant du Québec afin que nous puissions encourager  nos artisans d’ici.  

300 rue Villeray, Montréal

Montréal est rempli de petits bijoux locaux, il faut juste savoir les trouver. Que vous soyez du type  restaurant, café, tête-à-tête maison ou petit cadeau, j’espère que mon guide vous a aidé pour votre prochaine  idée romantique. Profitez de chaque instant et encouragez les commerces locaux ! 

Marie Véronique Ross 


Bibliographie : 

  • St-Viateur Bagel. (s. d.). Notre histoire | Bagels St-Viateur.  

    https://stviateurbagel.com/fr/pages/notre-histoire 

  • Locations. (s. d.). Café Saint-Henri. https://sainthenri.ca/pages/locations 

  • Samaha, M. (2024, août 1). Les torréfacteurs de Montréal. Tourisme Montréal.  https://www.mtl.org/fr/experience/torrefacteurs-montreal 

  • Tastet, É. (2024, août 16). Microbrasseries de Montréal : les meilleures et les plus belles. Tastet.  https://tastet.ca/listes/belles-bonnes-microbrasseries-de-montreal/ 

  • Boudreau, S. G. (2025, 4 février). Accueil - Dieu du ciel ! Dieu du Ciel ! https://dieuduciel.com/ 

  • Riopelle de l’Isle | Fromagerie de l’Île-aux-Grues | Distinctions | Fromages du Québec |  Découvrez nos fromages artisans du Québec. (s. d.). Fromages du Québec | Découvrez  Nos Fromages Artisans du Québec. https://fromagesduquebec.qc.ca/fr/distinctions/lait-de vache/fromagerie-de-lile-aux-grues/riopelle-de-lisle 

  • Cidre Sauvageon | cidrerie urbaine. (s. d.). Cidre Sauvageon. https://www.cidresauvageon.com/ 

  • De belles bouteilles d’ici. (2022, 23 décembre). La Presse.  https://www.lapresse.ca/gourmand/alcools/2022-12-23/de-belles-bouteilles-d-ici.php 

  • Résultats de recherche pour : cidre sauvageon | SAQ.COM. (s. d.). Saq.  https://www.saq.com/fr/catalogsearch/result/?q=cidre+sauvageon 

  • Amelie. (2025, 8 janvier). Top 20 de vos cidres québécois préférés de 2023. Les Producteurs de  Cidre du Québec. https://cidreduquebec.com/top-20-2023/

  • Érable du Québec. (2022, 4 mars). Légumes caramélisés à l’érable.  

  • https://erableduquebec.ca/recettes/legumes-caramelises-a-lerable/ 

  • Les enfants terribles. (s. d.). https://www.jesuisunenfantterrible.com/ 

  • Objets faits-main au Québec | Boutique cadeaux. (s. d.). Boutique Articho. https://articho.ca/

La gestion des finances personnelles : slay or nay ?

Depuis le temps qu’on l’entend, on sait que « l’argent ne fait pas le bonheur »… Mais il crée un sacré malaise par contre. Je ne peux m’empêcher de réprimer un petit rire jaune quand je vois le montant exorbitant de ma facture comportant 5 items essentiels que j’ai trouvés en spécial. Alors je vous laisse imaginer la confusion qui m’afflige inévitablement quand on me dit de commencer à penser à ma retraite alors que j’approche seulement les 25 ans. Le stress m’envahit quand je m’imagine me faire poser la question : « Est ce que tu aimerais t’acheter une maison un jour ? ». Ce à quoi je répondrai : « Oui certainement, dans 150 ans peut-être ? ». La vérité est que, tout comme moi, beaucoup de québécois expérimentent une anxiété et un pessimisme financier grandissant.

Les effets de l’inflations se font ressentir dans notre quotidien et des millions de questionnements et d’incertitudes font surface. Sommes-nous devant notre nouvelle réalité ? Quel est notre avenir dans ce contexte économique désavantageux ? Comment puis-je m’adapter et en ressortir gagnant.e ? 

De l’anxiété généralisée, littéralement…

Le diagnostic est tombé : le Québec est anxieux. Les récentes études parlent de 86%, tout degrés confondu (faible, modéré, élevé), de la population qui ressent de l’angoisse par rapport à leur situation financière, qu’elle soit bonne ou mauvaise (Fournier, 2024). Chez les jeunes de 18 à 24 ans, 65% d’entre eux vivent avec une anxiété financière (Fournier, 2024). Chez les personnes entre 35 et 54 ans, 67% s'inquiètent de ne jamais avoir accès à la propriété, donc de ne jamais pouvoir être propriétaire d’une maison par exemple (Fournier, 2024). Cette étude de la firme Léger nous apprend que la situation économique au Québec est loin de passer inaperçue et affecte notre vie de diverses manières. Les gens réduisent leurs dépenses en loisir, en vêtement, en épargne et évitent de regarder leur compte bancaire pour ne pas y penser (Bordeleau, 2023). Les populations plus vulnérables comme les nouveaux arrivants, les personnes sans emploi ou qui ont des limitations fonctionnelles sont particulièrement touchées par l’anxiété financière. Mais quelles sont leurs plus grandes sources de préoccupations ?

En ce moment, ce sont l’alimentation et le coût des loyers (Bordeleau, 2023).

« Je ne sais pas comment on peut rester zen quand on se demande si l’on sera capable de se loger le 1er juillet ou de remplir son frigo tout le mois » exprime Marie-ève Fournier, chroniqueuse pour La Presse (2024).


En effet, malgré les hausses de salaires, les gens peinent à assumer l’augmentation du coût de la vie. Et le pessimisme économique s'ensuit… puisque les gens perdent peu à peu espoir de voir la situation s’améliorer. Ainsi, on parle de 50% de la population au Québec et au Canada qui pensent que le cas risque de ne pas changer ou de se détériorer dans les prochaines années (Bordeleau, 2023). 

Gérer ses finances pour avoir une meilleure balance ? 

Oh que oui ! Face à ces nouveaux défis de taille qui rendent notre avenir incertain, il est plus important que jamais de plonger la tête première dans le sujet. Cependant, une autre analyse de Léger indique que « la propension des Québécois à s’informer tend à diminuer à mesure que le niveau d’anxiété financière augmente » (Bordeleau, 2023). La peur, le déni, le dédain et le désintérêt sont des réactions communes face à l’anxiété financière (Waldron, 2022). Malgré tous nos efforts pour s’enfouir la tête sous le sable , il est impossible d’oublier que l’argent fait partie de notre quotidien. La situation économique actuelle étant hors de notre contrôle, pourquoi ne pas s’attarder sur quelque chose qui se situe dans notre champs d’action ? Vous l’aurez compris : notre portefeuille !

Effectivement, selon une étude de l'ACFC (Agence de la consommation en matière financière du Canada), le bien-être financier individuel serait plus lié au comportement et aux connaissances qu’au revenu en lui-même (Gouvernement du Canada, 2023). Ainsi, en appliquant quelques actions concrètes dans sa vie et en cherchant à acquérir de l’expérience pour gérer notre argent, il serait possible de se sentir moins étouffé et anxieux face à sa situation financière. Ici, on parle de construire des petites habitudes quotidiennes comme faire le ménage de ses abonnements, trouver des manières d’économiser, se construire un épargne, automatiser ses finances, etc. Consulter un.e conseiller.ère financier pour la création d’un budget personnel pourrait être une bonne solution pour commencer ! De nos jours, les médias sociaux sont également bourrés de ressources. Des professionnels qualifiés comme @deuxfillesenfinances, @pymcsween et @elleinvestit peuvent vous aider à vous éduquer, trouver les réponses à vos questions ou simplement vous rassurer. 


Aujourd’hui, l’argent agit comme un outil de jugement de soi et des autres. Au-delà de sa fonction d’unité de mesure et de moyen d’échange, il est devenu un critère socio-identitaire par lequel nous définissons souvent notre appartenance et notre valeur en tant que personne (Waldron, 2022). Remettre en question notre relation identitaire avec l’argent serait un bon moyen de se débarrasser de l’anxiété et de se diriger vers quelque chose de plus sain. Ce qui est important c’est d’en parler autour de soi; de ses doutes et des ses apprentissages (Waldron, 2022). Poser des questions et se renseigner, c’est la voie à suivre pour briser les tabous autour de l’argent, et surtout, éloigner les gros malaises des conversations !


Jaymie Vézina



Bibliographie 

Stockholm Syndrome : j’y suis, j’y reste!

Échapper au froid montréalais pour atterrir dans un froid scandinave, l'ironie de mon choix d’échange universitaire ne m’échappe pas. Pourtant, malgré la neige bien installée et les journées trop courtes en ce début d’année, Stockholm m’a charmée dès les premiers jours. 

Les bâtiments anciens scintillent sous la lumière du jour, rare mais précieuse quand elle se montre. Les vitrines des cafés débordent de kanelbullar, ces brioches roulées à la cannelle moelleuses et parfumées, parfaites pour affronter l’hiver. Dans les rues, on croise des visages nordiques aux cheveux blond presque blanc et à la peau pâle, une esthétique qui semble sortie d’un film. J’ai déjà voyagé ailleurs en Europe, ayant un père autrichien, mais je n’avais jamais mis les pieds aussi au nord. Il y a ici quelque chose de différent, entre l’immensité du ciel, l’archipel qui entoure la ville et cette atmosphère à la fois paisible et vibrante. Stockholm est une surprise, un endroit que j’aurais peut-être sous-estimé avant d’y venir, mais qui m’a rapidement conquis.

Ce qui surprend en arrivant, ce n’est pas tant le froid, après tout, je viens du Québec, mais plutôt la lumière, ou plutôt son absence. Le soleil se lève tard, disparaît bien trop tôt, et très vite, tu perds tout repère. Il est 16h, mais ton cerveau croit qu’il est 21h. L’effet est étrange, un mélange de fatigue et de confusion permanente. Heureusement, les Suédois ont tout prévu.


L’hiver ici est une invitation à ralentir : les cafés sont remplis de bougies, de lumières tamisées et de fauteuils confortables où tout le monde s’arrête pour savourer une fika. Ce n’est pas juste une pause-café, c’est un rituel, une excuse parfaite pour prendre un café bien chaud accompagné d’un kanelbulle. 

Vous le comprendrez donc, La fika fait partie du quotidien, un moment où tout le monde s’arrête, sans culpabilité, pour simplement profiter de l’instant. 


Avec le temps, j’ai aussi découvert une autre facette de la culture suédoise : les sports d’hiver et tout ce qui vient avec. Mon amie suédoise m’a proposé un week-end à Åre, une station de ski au nord-ouest du pays, et évidemment, j’ai sauté sur l’occasion. Le ski en Suède, c’est autre chose. De la vraie poudreuse, des paysages à couper le souffle, et une ambiance à la fois paisible et festive. Mais ce qui m’a vraiment marquée, c’est la culture de l’après-ski. Ici, dès 16h, les gens se rassemblent dans des chalets en bois perchés sur la montagne, commandent des bières ou des shots de schnaps, et commencent à chanter des chansons suédoises à pleins poumons. L’ambiance est à la fois chic et décontractée, un mélange parfait entre tradition montagnarde et esprit festif. Après quelques verres, peu importe d’où tu viens, tu te retrouves à taper des mains avec tout le monde, comme si tu avais toujours fait partie du décor.


De retour à Stockholm, je réalise à quel point les Suédois savent profiter de l’hiver, non seulement en le rendant plus agréable, mais aussi en l’intégrant complètement à leur mode de vie; et ça passe par plein de petites habitudes, comme leur obsession pour les saunas. C’est vrai! Chaque gym en a un, et y passer après une journée froide est un réflexe.

Avec le temps, autre chose change imperceptiblement dans la ville : la lumière. Peu à peu, les journées rallongent, et tu te rends compte à quel point ça influence tout. Les rues deviennent plus animées, les gens restent dehors un peu plus longtemps, et l’énergie générale semble différente. Stockholm est déjà une ville où l’on marche tout le temps, mais quand l’air glacial devient un peu plus doux et que le soleil tient quelques minutes de plus, on sent que la ville s’éveille doucement. L’air ici est incroyablement pur, presque trop quand on vient d’un endroit où l’hiver est souvent accompagné de sloche et de ciel gris. Même en plein centre, on sent la présence de la mer Baltique, et le contraste entre l’eau et l’architecture donne un charme encore plus unique à la ville.


Et puis, il y a eu cette nuit où tout le monde a levé les yeux vers le ciel. Les aurores boréales sont rarement visibles à Stockholm, d’habitude il faut monter bien plus au nord pour espérer les apercevoir. Mais cette fois, elles étaient là. Un léger vert, presque irréel, flottait au-dessus de la ville. Tout le monde est sorti, captivé par ce spectacle inattendu. Au début, j’ai cru que c’était un effet d’optique, un reflet étrange de la ville. Mais non, c’était bien réel. Un moment suspendu, hors du temps, qui rappelle la puissance de la nature. 


S’adapter à la vie à Stockholm, c’est aussi comprendre le rapport qu’ont les Suédois avec les interactions sociales. Contrairement à Montréal où lancer un "allô" à un inconnu n’a rien d’extraordinaire, ici, ce n’est pas dans les habitudes. Dans le métro, tout le monde respecte une bulle invisible. Le silence règne, et personne ne viendra spontanément engager la conversation. Mais une fois la glace brisée, c’est une autre histoire! Les Suédois sont incroyablement gentils et drôles, juste plus réservés au premier abord. Et heureusement, tout le monde parle anglais, donc même sans parler suédois, on s’en sort facilement.


D’ailleurs, un Suédois rencontré au hasard m’a dit que Stockholm en hiver et Stockholm en été sont deux villes totalement différentes. Bientôt, les terrasses vont rouvrir, et les gens passeront le plus de temps possible dehors, comme s’ils avaient des heures de soleil à rattraper. Mais ce que j’attends avec le plus d’impatience, c’est Midsummer. Cette fête est presque plus importante que Noël : c’est la célébration du jour le plus long de l’année, quand le soleil ne se couche pas. Tout le monde quitte la ville pour aller à la campagne ou sur une île, on mange dehors, on boit (beaucoup), on chante des chansons traditionnelles et on danse autour d’un mât décoré de fleurs (Midsommarstång). Tout le monde porte une couronne de fleurs, et l’ambiance est décrite comme magique. Je n’ai encore rien vu de tout ça, mais j’ai déjà hâte de le vivre!


Si on m’avait dit avant de partir que je me retrouverais à hurler des chansons suédoises avec des inconnus dans un chalet de ski, que je développerais une passion pour la pause-café et que je passerais mes journées à scruter le ciel en comptant les minutes de lumière gagnées, j’aurais probablement ri. Pourtant, c’est exactement ce qui est en train d’arriver. Stockholm ne cesse de me surprendre, et ce qui me semblait étrange en arrivant fait désormais partie de mon quotidien. J’ai encore beaucoup à découvrir, mais une chose est sûre : la Suède a une façon bien à elle de transformer le quotidien, et je me laisse porter par le mouvement.


Marielle Bucheit




Prenez deux minutes pour penser à qui fait le ménage

Je me souviens de mon passage au Pérou. De la chaleur qui écrase Lima en plein après-midi, du brouhaha incessant des rues, du chaos organisé des marchés. Et au milieu de tout ça, ces femmes en uniforme, toujours affairées, toujours en mouvement. Dans les maisons bourgeoises de Miraflores ou de San Isidro, dans les restaurants, dans les centres commerciaux. Elles sont partout, et pourtant invisibles. Mais qui sont-elles vraiment ?

Elles sont l’envers des cartes postales. Les travailleuses de l’ombre, celles qui rendent possible le quotidien de milliers de familles péruviennes. Des femmes venues des Andes, des campagnes reculées, embauchées comme aides-ménagères, nannies, cuisinières. Des femmes qui quittent leur famille pour subvenir à leurs besoins, vivant souvent sous le toit de leurs employeurs, dans des chambres minuscules, soumises à des conditions de travail précaires, sans véritable protection juridique (Arker, 2006, p. 445).

Koechlin, A. (2019). À propos d’un féminisme décolonial de Françoise Vergès. Contretemps. https://www.contretemps.eu/feminisme-decolonial-verges/ 

Ce système n’est pas qu’un simple arrangement de travail. C’est un réseau de dépendance qui repose sur des rapports de classe, de race et de genre. Il illustre ce que le féminisme décolonial met en lumière : l’exploitation des femmes indigènes et racisées au service du confort des plus privilégiées (Acker, 2004, p.23).

Les féministes de la deuxième vague voyaient dans l’arrivée des aides-ménagères un progrès : elles libéraient les femmes de la classe moyenne et supérieure des tâches domestiques, leur permettant d’accéder au marché du travail (Lamoureux, 1988, p.550). Mais cette « libération » repose sur le dos d’autres femmes, elles-mêmes enfermées dans un cycle de précarité. Pourquoi remettre en question la répartition inégale des tâches au sein des couples si l’on peut simplement embaucher une femme déjà marginalisée pour s’en occuper ?


[Aux yeux des femmes occidentales], les femmes du Sud sont privées de savoirs, d’une réelle conception de la liberté, de ce qui fait famille ou de ce qui constitue être “une femme”. Se percevant comme des victimes des hommes, elles ne voient pas que leur désir d’égalité avec ces hommes repose sur l’exclusion de femmes et d’hommes racisé(e)s et que la conception européenne du monde, de la modernité dans laquelle elles s’inscrivent, renvoie femmes et hommes qui n’appartiennent ni à leur classe ni à leur race à une inégalité de fait et de droit. (Vergès, 2019, p. 44-45) 

Rolland, M. (2020). « Qui nettoie le monde? » : un féminisme décolonial, de Françoise Vergès. Missives. https://www.lesmissives.fr/index.php/2020/05/09/qui-nettoie-le-monde-un-feminisme-decolonial-francoise-verges/ 

Ce travail ne s’arrête toutefois pas aux tâches physiques, il est aussi émotionnellement éreintant. Ces travailleuses doivent être des figures maternelles sans prendre trop de place, aimer sans s’attacher. Elles deviennent des membres de la famille, mais toujours en marge. Cette contradiction crée une aliénation psychologique profonde : être indispensable sans jamais être reconnue. Cette dynamique affecte leur identité, leur santé mentale et leur rapport à elles-mêmes. Beaucoup développent un sentiment d’abandon, de solitude extrême, tiraillées entre la famille qu’elles servent et celle qu’elles ont laissée derrière (Vergès, 2019, p.46).

Et si elles osent réclamer leurs droits, elles se heurtent à un système juridique qui ne les protège pas : leurs salaires sont souvent dérisoires, et en cas de litige, elles risquent d’être mises à la porte du jour au lendemain. La peur de perdre leur emploi les maintient donc ainsi dans une situation d’exploitation silencieuse (Sene, 2021, p.2).

Pourtant, elles résistent. Par leur présence dans l’espace public, par les communautés qu’elles forment, par le soutien des mouvements sociaux et des ONG qui tentent de faire entendre leur voix (ONU Femmes, 2013). Elles nous rappellent que le travail domestique est un enjeu féministe et décolonial, mais surtout que la lutte ne peut pas se limiter à certaines femmes, au détriment des autres.

Reconnaître la place de ces travailleuses domestiques, c’est interroger nos privilèges et les structures qui les perpétuent. Il ne suffit pas de dénoncer l’injustice, encore faut-il s’engager à la combattre : en soutenant les réformes pour leurs droits, en écoutant leur voix, en refusant de normaliser leur invisibilité. Car si le féminisme veut être un véritable projet d’émancipation, il ne peut ignorer celles sur qui repose, trop souvent, le confort des autres. 

Maxime Gravel



Bibliographie 

L’ombre de l’ICE plane sur les écoles californienne

En Californie, près de 133 000 enfants sans statut légal, âgés de 3 à 17 ans, sont inscrits dans des écoles publiques, et près de 750 000 élèves du primaire et du secondaire ont au moins un parent sans statut légal, selon le Migration Policy Institute (KTVU, 2023). Ces chiffres révèlent une réalité ignorée : des milliers d’enfants vivent chaque jour sous la menace d’une séparation familiale. 

Sous l’administration Trump, la lutte contre l’immigration illégale est devenue une priorité, avec des promesses de la plus grande « déportations massives » de l’histoire (NDTV, 2025) . L’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a vu ses pouvoirs renforcés : les interventions dans des lieux autrefois protégés, comme les écoles ou les églises, sont désormais possibles (FoxLA, 2023).

Quand la peur s’invite à l’école 

À Fresno, en Californie, des rumeurs de descentes imminentes de l’ICE dans les écoles ont semé la panique parmi les parents, même si ces raids se sont avérés être des fausses alarmes. Pourtant plusieurs districts scolaires ont pris des mesures préventives. 

Ils distribuent désormais des «red cards», également appelées «Know Your Rights cards», pour informer les élèves et leurs familles de leurs droits en cas d’interaction avec un agent de l’immigration (FoxLA, 2023). Bien plus qu'un simple bout de papier, ces cartes rappellent des outils d'une autre époque, comme le «Green Book», jadis utilisé par les minorités pour se protéger face à l'injustice. Elles servent aujourd’hui de rempart légal. Ces cartes expliquent clairement comment réagir face aux autorités : garder le silence, exiger un avocat et ne jamais signer de document sans avis juridique. Dans un contexte où la menace des interventions de l’ICE plane constamment, ces gestes simples deviennent des réflexes de survie. 

La perspective de Fresno Unified School District 

Diana Diaz, directrice des communications a Fresno Unified School District, a partagé les préoccupations au sein des écoles face à l'impact des politiques d'immigration. 

«Nous recevons de plus en plus de préoccupations de la part de nos écoles et familles, notamment suite aux récentes opérations de la patrouille frontalière dans la région. Cette situation génère une véritable inquiétude et une peur constante.» explique-t-elle. 

Pour y répondre, le district a créé une page sur leur site web avec des informations actualisées et des ateliers d’information pour les familles ainsi que des capsules vidéos avec des consignes de prévention. La politique du district interdit l'application des lois migratoires sur les campus, sauf avec un ordre judiciaire valide. En collaboration avec les forces de l’ordre locales, le district a garanti qu'aucune intervention migratoire ne serait soutenue dans les écoles du district. 

Diaz a insisté sur la nécessité de prendre des mesures préventives : 

"We consistently communicate and urge our families who are concerned about possible detainment or deportation to please make a family preparedness plan NOW." 

Traduction: « Nous communiquons régulièrement et exhortons nos familles, préoccupées par une éventuelle détention ou déportation, à établir dès maintenant un plan de préparation familial. » 

Ce plan inclut des démarches simples mais cruciales, telles que la mise à jour des cartes d’urgence des enfants et la préparation de documents légaux pour garantir que l’enfant soit pris en charge par un adulte de confiance si les parents sont absents. 

Les écoles californiennes illustrent l'impact de la politique migratoire de l'ICE, affectant plusieurs États. Sans action coordonnée des institutions éducatives et des autorités, des tragédies humaines se multiplieront. 

Sous l'administration Trump, la politique migratoire continue de se durcir, notamment avec le récent changement de direction à la tête de l'ICE, alors que les arrestations et déportations peinent à répondre aux attentes du gouvernement. Le Sénat a par ailleurs adopté un budget pour financer le plan de déportation massive de Trump. Il devient alors urgent que les institutions éducatives et les autorités prennent des mesures concrètes pour garantir la protection des droits des élèves et éviter que la peur ne devienne la norme.

Salma Achoumi

Bibliographie 

  • Fernandez, L. (2025, février 4). California AG Rob Bonta gives advice if ICE shows up at schools [Text.Article]. KTVU FOX 2. 

  • https://www.ktvu.com/news/california-ag-rob-bonta-gives-advice-ice-shows-up-schools Know your rights cards | red card orders | immigrant rights. (s. d.). Redcardorders. Consulté 27 février 2025, à l’adresse https://www.redcardorders.com 

  • Schools—Fresno unified school district. (s. d.). Consulté 27 février 2025, à l’adresse https://www.fresnounified.org/about/schools 

  • Six big immigration changes under Trump—And their impact so far. (2025, janvier 27). https://www.bbc.com/news/articles/clyn2p8x2eyo 

  • Team, F. 11 D. (2025, janvier 30). LA school police responds to ICE raids, immigration enforcement [Text.Article]. FOX 11. 

  • https://www.foxla.com/news/la-school-police-ice-raids-immigration-enforcement Trump won’t ban immigration arrests at school. Some families are now weighing school attendance. (2025, janvier 22). AP News. 

  • https://apnews.com/article/trump-immigration-ice-raids-school-2d899678264f44fe1021 847ee385fd15

De la fête des fous au royaume de glace

Du 7 au 16 février, se tenait l’un des plus grands festivals d’hiver au monde : le Carnaval de Québec. Chaque année, l'événement attire des milliers de visiteurs grâce à une programmation riche et variée. Parée de ses plus belles œuvres glacées, la ville devient un royaume hivernal. Parmi les incontournables, le château de glace, le Palais de bonhomme, ainsi que des sculptures impressionnantes de glace et de neige. Les défilés de nuit et les soirées musicales viennent ajouter une touche féérique à l'ambiance, plongeant ainsi les spectateurs dans un univers magique. 

Mais depuis quand le Carnaval existe-t-il? Et à quoi ressemblait-il avant de devenir l’événement que l’on connaît aujourd’hui? 

Remontons il y a très longtemps, au 4ème siècle, en Europe. À l'origine, le Carnaval marquait la période précédant le carême, un moment de jeûne et de privation (L’Histoire nous le dira, 2025). C'était le temps pour célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps!

Le Carnaval était un moment de libération où les gens, déguisés en animaux, en personnages ou même en diables, déambulaient dans les rues, pour oublier le quotidien. C'était une véritable fête des fous, où les classes sociales s’affrontaient parfois violemment, symbolisées par des animaux différents : l’aigle pour les riches, et les chèvres pour les pauvres. En l’an 1580, entre le 26 et 28 mars, environ 1700 individus meurent par ces affrontements brutaux (L’Histoire nous le dira, 2025). 

Au fil du temps, ce carnaval tumultueux, où parfois les célébrations faisaient rage, fut réorganisé par les élites pour le rendre plus « civilisé » et contrôlé. Dès le 17e siècle, la fête s’impose en Nouvelle-France, et le Carnaval devient une tradition de sept jours, où la danse et la musique réchauffent l’hiver, bien que les curés tentent de limiter les excès (L’Histoire nous le dira, 2025). 

Au Québec, l’urbanisation au 19e siècle marque un tournant. En 1883, ce n’est pas la ville de Québec, mais bien Montréal, qui lance le premier Carnaval, axé sur des courses de raquettes et des courses en canot de glace (Paquin, 2023). Cependant, après quelques éditions, ce Carnaval disparaît, avant de renaître véritablement à Québec en 1894. L’ambiance festive et les activités hivernales comme les courses de vélo, le curling, les glissades et la construction de sculptures de glace attirent un public nombreux. 

Le Carnaval de Québec revient avec régularité, mais est interrompu par les deux guerres mondiales et la crise économique de 1930. À partir de 1955, le Carnaval de Québec reprend de plus belle et devient l’événement que l'on connaît aujourd'hui. La religion et les traditions d'autrefois sont laissées de côté, laissant place à des artistes qui façonnent les activités et redéfinissent l'esprit du Carnaval. 

Parmi les traditions persistantes du Carnaval, le concours des duchesses occupait une place particulière, symbolisant une époque révolue. En effet, à l’époque, 7 femmes célibataires représentaient les quartiers de la ville et étaient choisies en fonction de leur beauté (Bisson, 2015). Toutefois, cette tradition a été remplacée par une vision plus égalitaire dans les années 1990, marquant la fin d’une tradition jugée sexiste.

À travers les siècles, le Carnaval de Québec a évolué, s’adaptant aux changements sociaux, politiques et culturels. C’est aujourd’hui une célébration de l’hiver, de la neige, de la glace et de l’unité, où l’on plonge dans une atmosphère joyeuse et sans prétention. 

Si vous avez manqué le Carnaval cette année, rendez-vous du 6 au 15 février 2026 pour la prochaine édition! 

Vive le froid, vive la neige, et vive le Carnaval!

Judith Bernadet

Bibliographie 

  • Bisson, A.-F. (2015). L’esprit du Carnaval de Québec. Entre participation citoyenne et fréquentation touristique. Mémoire de maîtrise, Université Laval. 

  • Carnaval d’hiver de Québec . Ville de Québec. https://www.ville.quebec.qc.ca 

  • L'Histoire nous le dira. (2025). L’histoire cachée du Carnaval de Québec | L'Histoire nous le dira # 274 [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=zxcmPvqB-lY 

  • Paquin, M.-L. (2023). Le Carnaval de Québec de 1894 à nos jours. Avenues.ca.

Sources images 

  •  Carnaval d’hiver de Québec . Ville de Québec. https://www.ville.quebec.qc.ca 

  • Feather, A. (2022). La Fête des fous. Histoire de France, Le Moyen-Âge. https://histoiresdelombre.fr/la-fete-des-fous/ 

  • Paquin, M.-L. (2023). Le Carnaval de Québec de 1894 à nos jours. Avenues.ca.