Dans la tête des fans d'horreur

Par Annabelle Blais

Explorer les raisons qui attirent tant de spectateurs vers l’horreur, est une curiosité qui me suit depuis longtemps et que partagent de nombreux spectateurs.  Contrairement à ce que pensent plusieurs, les amateurs de films d’horreur ne sont pas sans émotions. Leur intérêt s’explique plutôt par un aspect de notre psychisme qui vient explorer notre rapport à la peur, à la maîtrise de soi et même à la capacité de ne pas crier durant le film. Même si la pensée populaire associe ces films à un rush d’adrénaline.


Les astuces du cinéma d’horreur 

Derrière la peur qui nous fait serrer les muscles et donne les mains moites, se cache un travail bien dirigé des réalisateurs pour provoquer une réaction voulue chez les spectateurs. Lorsqu’on regarde un film d’horreur, la peur que nous ressentons est conditionnée à ce qu’elle ne soit pas vraisemblable à la peur ressentie dans la vraie vie. En d'autres mots, notre cerveau comprend que le film est une fiction, de ce fait il ressent une peur contrôlée. Les réalisateurs doivent, par conséquent, suivre des techniques narratives couramment utilisées dans ce genre, pour obtenir un sentiment voulu chez les spectateurs (Bisbal, 2025).


Ces techniques sont à la base de la compréhension du psychisme humain qui suit les réactions apeurées des amateurs de ce genre. D’une part, le film doit susciter une attention importante chez le spectateur, soit en ajoutant un effet de suspense ou apporter une tension à l’histoire, afin de garder l’intérêt du public (Bisbal, 2025). La scène célèbre, dans The Shining, en est un exemple, lorsque Wendy est prise dans la salle de bain et Jack s’efforce de défoncer tranquillement la porte à coup de hache. Cette scène renforce ce sentiment de tension dramatique, car on peut tranquillement voir le danger apparaître. D’autre part, pour que le sentiment de peur s’installe, de l’empathie pour les personnages doit s’établir. Par exemple, nous ressentons que Wendy est dans une position vulnérable et d’isolement totale, ce qui suscite de l'inconfort chez le spectateur. Cela fonctionne dans l’autre sens où le public devient soulagé une fois que le personnage vit quelque chose de positif (Bisbal, 2025). Par la suite, un antagoniste clair et haï des spectateurs permet de mettre toute notre négativité sur ce personnage. Ses actions doivent sembler loin de la réalité aux yeux des spectateurs, pour bien définir la dissemblance entre la fiction et la réalité (Bisbal, 2025). Enfin, une certaine balance est recommandée pour que le public vive d’autres émotions que de la peur, comme un moment plus heureux du film (Bisbal, 2025). 


Du point de vue des spectateurs

Avant d’entrer dans la tête des amateurs de films d’horreur, il faut savoir que la personnalité et les besoins de chacun sont importants à prendre en considération. J’aimerais commencer par l’élément qui m’a le plus surpris : pour certaines personnes, l’horreur est une expérience émotionnelle plus profonde qu’un simple film. Cette « dimension cathartique » (Proxihypnose, 2024) fait surface quand un spectateur utilise ce film effrayant comme un moyen de traverser une période difficile de sa vie, de la même façon qu’il les affronte et dépasse les moments les plus épeurants du film. Dans ce cas, le rôle du genre de l’horreur devient ici thérapeutique, puisqu’en affrontant des peurs fictives depuis le confort de son salon, le spectateur apprend à tolérer et à apprivoiser ses émotions (Johnson, n.d.). 

Ce n’est pas tout. D’autres raisons expliquent le besoin de se tourner vers l’épouvante. Premièrement, pour une partie du public, ce visionnement permettrait de repenser leur rapport à la mort. En présentant la mort d’une manière exagérée, elle devient donc une pensée ridicule ou quelque chose d’insensé, relativisant son intensité qu’elle éprouve habituellement (Justine, 2016). Deuxièmement, le corps réagit fortement par un rush d’adrénaline, souvent tout au long du film. Par contre, une fois le film terminé, notre corps se relâche et un sentiment de bien-être émerge (Bisbal, 2025). Celui-ci donne envie à plusieurs de réécouter des films d’horreur même après avoir vécu des émotions fortes pendant un long laps de temps. Troisièmement, être exposée régulièrement aux images graphiques de la violence pourrait provoquer une meilleure tolérance à regarder ces images, ainsi qu’« une désinhibition normative » (Justine, 2016) rendant le tout plus plaisant à visionner. Voilà pourquoi certaines personnes détournent le regard, tandis que d’autres se précipitent pour voir le nouveau Conjuring

Bibliographie

Bisbal, G. (2025). La psychologie de la terreur au cinéma. Nos Pensées. https://nospensees.fr/la-psychologie-de-la-terreur-au-cinema/ 

Johnson, N. ( n.d.). Pourquoi les films d'horreur peuvent nous aider à surmonter des traumatismes bien réels. National Geographic. https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2020/10/pourquoi-les-films-dhorreur-peuvent-nous-aider-a-surmonter-des-traumatisme-bien

Justine. (2016). Les férus de films d’horreur sont-ils des psychopathes en puissance ? Madmoizelle. https://www.madmoizelle.com/films-horreur-psychopathes-en-puissance-69201

Proxihypnose. (2024). Pourquoi les gens aiment-ils les films d'horreur ? Proxihypnose. https://www.proxihypnose.fr/actu/38/pourquoi-les-gens-aiment-ils-les-films-d-horreur 

Images :

Frère, Y. (2025). Les sorties de films d’horreur pour 2026. Horreur News. https://horreurnews.com/les-sorties-de-films-dhorreur-pour-2026/ 

Wargny Drieghe, A. (2022). Films d’horreur : Pourquoi certaines personnes aiment se faire peur ? Pourquoi Docteur. https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/41117-Films-d-horreur-personnes-aiment-faire-peur