La déconstruction des mythes sur les sorcières de Salem



Avec l’automne bien installé et l’Halloween qui approche, les histoires concernant les  sorcières de Salem ressurgissent comme chaque année, soit par des films comme Hocus Pocus, qui réduisent souvent ces femmes à des caricatures effrayantes, loin des réalités historiques. Il me semble donc que c’est le bon moment pour revenir sur les faits et rendre justice aux femmes qui ont été victimes d’accusations de sorcellerie, sans pour autant éteindre l’esprit festif de l’Halloween. On peut très bien apprécier les déguisements, les histoires de sorcières et l’ambiance fantastique de cette période, tout en prenant un moment pour distinguer le mythe de la réalité historique et honorer la mémoire de celles qui ont réellement souffert.

Le bûcher

Un mythe couramment propagé est celui selon lequel ces femmes étaient brûlées dans la ville de Salem. Il s’agit d’une idée erronée qui simplifie à l’extrême une répression profondément sexiste. Les femmes accusées de sorcellerie à Salem en 1692 n’ont pas été brûlées, mais pendues au nombre de dix-neufs précisément (SalemWitchMuseum, n.d). Ce mythe du bûcher reste très présent dans l’imaginaire commun, notamment parce qu’il représente une vérité plus large : les femmes ont été historiquement  torturées et tuées pour sorcellerie, principalement en Europe, où le bûcher était fréquent (SalemWitchMuseum, n.d).

Ce mythe qui persiste encore de nos jours, n’est pas anodin. Il montre que les histoires sur les « sorcières » masquent la réalité, au lieu de reconnaître les vraies discriminations sociales, religieuses et raciales qui ont eu lieu. 

Ces femmes étaient, en réalité, des femmes marginalisées possiblement touchées par plusieurs maladies, comme la maladie de Lyme, des crises d’épilepsie, des troubles post-traumatiques et plus encore. Ces maladies sont aujourd’hui identifiées comme des troubles médicaux ou psychologiques, grâce aux avancées de la science moderne. Cela permet de reconnaître des comportements anormaux sans accuser à tort des personnes innocentes, contrairement au docteur Griggs : « In February, unable to account for their behavior medically, the local doctor, William Griggs, put the blame on the supernatural. » (Wallenfeldt, 2025). 

Cependant, il ne faut pas croire que les accusations de sorcellerie ne visaient que les femmes, étant donné que plusieurs hommes en ont été victimes (SalemWitchMuseum, n.d). Toutefois, les femmes étaient plus vulnérables aux accusations, car on les considérait comme plus susceptibles de tomber dans les pièges du diable (SalemWitchMuseum, n.d). Les femmes âgées, les femmes financièrement capables de subvenir à leurs besoins, les femmes qui vivaient seules, les femmes enceintes avant d’être marriées ou même une femme qui répliquait était une femme susceptible  d’être une sorcière (SalemWitchMuseum, n.d).

Donc corriger le mythe, oui, mais il est important de ne pas oublier que derrière les erreurs historiques se cachent souvent des vérités symboliques sur le contrôle patriarcal de l’identité et des voix des femmes.

La magie-noire

Cela soulève un mythe qui alimente l’image sombre des sorcières de Salem, qu’elles pratiquaient de la magie noire. En réalité, les accusations portées contre ces femmes étaient souvent fondées sur des idées collectives négatives, mêlant superstitions, peurs et  rivalités sociales, plutôt que sur des preuves concrètes de pratiques malveillantes, comme les récits et œuvres modernes le révèlent.

L’auteure de l’article sur Tituba (Labourey, 2015) propose une perspective critique de la situation en présentant la « sorcière » Tituba comme une victime d’un système oppressif. Les femmes accusées lors des procès de Salem n’étaient pas des pratiquantes de magie noire. Elles étaient, en réalité, souvent des femmes marginalisées, âgées, pauvres ou issues de minorités ethniques, ce qui les rendait vulnérables aux accusations. 

Si l’histoire des sorcières de Salem a suscité votre curiosité, pourquoi ne pas visiter  la ville mystique de Salem en personne ? Elle vous plongera au cœur de l’histoire des sorcières grâce à ses musées qui se trouvent à seulement cinq heures de route de Montréal. Une visite sur place vous offrira donc une compréhension plus profonde de ce passé troublant qui continue de marquer les esprits.

Annabelle Blais 

Bibliographie :

Wallenfeldt, J. 2025. Salem Witch Trials. Britannica.  https://www.britannica.com/event/Salem-witch-trials